Festival d'Avignon : "Absalon, Absalon !", une plongée sensorielle dans l'histoire ségrégationniste des États-Unis qui résonne au présent

La metteuse en scène Séverine Chavrier adapte le chef d'œuvre de la littérature américaine de William Faulkner, au festival d'Avignon.
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Séverine Chavrier adapte "Absalon, Absalon !" à Avignon, un chef d'œuvre de la littérature américaine qui explore l'obsession de la pureté de la race blanche. (TERESA SUAREZ / EPA)

Avec cette adaptation du roman de William Faulkner, la metteuse en scène Séverine Chavrier propose une plongée immersive dans l'Amérique de la guerre de sécession, aux résonnances très actuelles.

C'est parce qu'il est considéré comme inadaptable que Séverine Chavrier s'est attaquée à ce monument. Dans son théâtre, Absalon, Absalon ! devient une expérience sensorielle qui demande du lâcher prise. Sur scène, de la terre, deux voitures, les pièces d'une maison et au-dessus un grand écran, qui projette ce qui se joue en dessous. Musiques, images, sons, ambiance étouffante, on est au cœur du drame épique, celui d'un homme venu de nulle part, arrivé dans le Sud ségrégationniste au milieu du XIXe siècle pour y faire fortune et fonder une famille de lignée pure, obsession de la race blanche. 

Une autre histoire du cinéma

"Le roman raconte finalement que les frères s'entretuent et que le fils illégitime ne naît illégitime que parce qu'il a une goutte de sang noir, explique Séverine Chavrier. Donc, c'est une histoire ségrégationnelle et une folie d'engendrement sur la question d'un nom propre qui serait propre aux deux sens du terme."

L'impossible communication entre hommes et femmes, entre noirs et blancs, ça c'était vraiment intéressant à travailler."

Séverine Chavrier

à franceinfo

 
Une troupe métissée, virtuose et très actuelle porte ce récit, une histoire de la violence américaine qui n'a pas besoin de linéarité, tellement les émotions sont fortes. Séverine Chavrier joue, en chef d'orchestre, des codes du cinéma américain, notamment en citant Naissance d'une nation de David Griffith, film qui en 1915 a révolutionné Hollywood alors qu'il glorifiait l'esclavage :

La metteuse en scène entend ainsi explorer "comment l'histoire des États-Unis est liée à l'histoire du cinéma. Comment elle a été regardée. Comment les acteurs européens ont admiré ce jeu-là. Comment on est broyés aussi dans cette manière de faire de l'image, jusqu'à la question de Griffith, puisque ce film a aussi été salué à un moment par la Nouvelle Vague, sans voir ses impasses éthiques", indique-t-elle.

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