Exposition : les miraculeuses photos de Frank Horvat au Jeu de Paume
Voici ce que disait Frank Horvat de ses clichés : "Il y a une seule chose qui m'intéresse dans la photo, que ce soit miraculeux. Si ce n'est pas miraculeux, une photo, ça ne m'intéresse absolument pas !" À mi-chemin entre la photo de reportage et la photo de mode, son travail en noir et blanc est visible au Jeu de Paume dans l'exposition Frank Horvat. Paris, le monde, la mode, la plus grande, organisée depuis sa mort en 2020.
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Né à la fin des années 20 dans une petite ville italienne désormais croate, Frank (Francesco) Horvat grandit en Suisse, où sa famille juive se réfugie pour fuir le nazisme. Il veut être écrivain, mais sera photographe, avec le rêve d'intégrer la prestigieuse agence Magnum. En 1951 à Paris, il croise Henri Cartier-Bresson et cette rencontre sera décisive. Ce dernier lui conseille d'utiliser un appareil Leica et de voyager pour "documenter le monde". C'est ce qu'il fera pendant deux ans en Asie.
Une fascination pour les corps, la nuit, Paris
Virginie Chardin, commissaire de l'exposition, raconte : "C'est un photographe qui, au départ, se destinait au photoreportage et l'exposition est la première à montrer de façon complète son cheminement, son parcours depuis ses débuts, qui le voit passer du reportage à la mode. Entre 1950 et 1965."
La fascination de Frank Horvat pour les corps, la nuit, la ville de Paris et tout cela mélangé, se ressent bien à travers les 170 tirages présentés par l'exposition, dont une grande partie sont ses célèbres photos de mode. Dans ces photos, on évite les poses non-naturelles, le studio, les éclairages et trop de maquillage. Ses modèles sont catapultés au bistrot, dans le métro, aux halles ou sur un terrain de rugby.
"Un style reportage dans la photographie de mode"
Virginie Chardin se souvient : "Quand le magazine Jardin des Modes l'a sollicité pour faire des photos de mode, c'était un photographe de reportage. Donc il a dit 'd'accord, mais moi, je travaille avec un Leica, c'est-à-dire en petit format et sans studio, sans lumière artificielle, je prends mes photos dans la rue'. Il s'est fait connaître pour avoir insufflé un style reportage dans la photographie de mode."
"C'est une sorte de fiction, c'est-à-dire que c'est comme si la mannequin était partie intégrante de la scène."
Virginie Chardin, commissaire d'exposition au Jeu de Paumeà franceinfo
S'il l'auteur-reporter utilise son mannequin comme, selon Virgine Chardin, "une vraie femme participante au même titre que les autres acteurs, ou intellectuels, ou artistes qui sont à l'image", il finit sans doute par se lasser des photos de mode. Au début des années 1960, Frank Horvat repart pour un tour du monde, ramenant des superbes images du Japon ou du Brésil, entre autres.
L'exposition est à voir au Jeu de Paume jusqu'au 17 septembre.
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