"En finir avec Eddy Bellegueule", d'Edouard Louis
Edouard Louis, 21 ans, tue celui qu'il était, Eddy Bellegueule, et choisit enfin sa vie, homosexuel, étudiant à la prestigieuse Ecole Normale Supérieure, comme Paul Nizan normalien lui aussi dans les années 30 qui commençait Aden Arabie par le fameux "J'avais 20 ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vi e". Edouard Louis débute son roman par "De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux ".
Eddy Bellegueule fuit ce petit village de Picardie où il a eu le malheur de naître avec une voix haut perchée, des gestes un peu maniérés et dans un milieu social, où il est l'intrus, l'anormal, le fils qui désespère ses parents, le gamin frêle qui se fait tabasser tous les jours à l'école et très vite le pédé, le bouc émissaire. Eddy se sauvera par les études, fuir son village, sa famille et renaître en se nommant lui même Edouard Louis.
Un récit terrible mais surtout un grand roman, où l'auteur glisse d'un style alerte à cette langue crue, qui dit la violence subie. Malgré la violence du récit, il ne juge pas. Même si sa famille dit ne pas comprendre.
Ce qui est passionnant, c'est de constater que finalement sa propre identité sexuelle, a été en partie déterminée par le rejet qu'il a suscité. Cette histoire est avant tout celle d'une libération, la fuite comme un acte rebelle, pas comme un reniement ou un mépris de ses origines.
En finir avec Eddy Bellegueule, d'Edouard Louis, est publié au Seuil.
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