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Eminem vs Wu Tang Clan : les géants du rap en duel au sommet

Alors qu’Eminem sort "Shady XV", compilation de tubes et d’inédits qui fête les quinze ans de son label, les vétérans du Wu Tang Clan reviennent avec "A Better Tomorrow" , album pertinent et abouti du collectif new-yorkais.
Article rédigé par Marion Bernard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Eminem-Shady)

  (Shady XV © Eminem)
Comment passe-t-on la quarantaine dans le rap américain ? Pour Eminem, c'est vivre un peu sur ses acquis avec une mécanique d'inspiration plutôt grippée depuis le milieu des années 2000. Du coup, l'astuce pour se retrouver quand même numéro 1 des classements, c'est de jouer l'auto-consécration , et imaginer cette double compilation Shady XV, disque moitié inédits-moitié best-of qui fête les quinze ans du label monté par le rappeur de Detroit: le problème c'est qu'à son écoute, on a le sentiment que le meilleur d'Eminem est derrière lui (Loose Yourself, par exemple, tiré de la B.O du biopic 8 Miles , sort en 2002). Shady XV comporte aussi quelques morceaux de bravoure et rappelle que le label a notemment permis de révéler d'autres pointures du rap américainle (le merveilleux P.I.M.P de 50cents).

Bel album souvenir, cette compilation prouve deux choses : qu’Eminem, talentueux, est évidemment totalement incontournable, mais aussi qu’il peine un peu, aujourd'hui à sortir de son échange avec Slim Shady, double schizo et maléfique inventé dans ses titres, et dont les débordements (des menaces de viol sur chanteuses à succès, glissées dans les textes), ont fait plus de bruit que la qualité des inédits présentés ici.

  (A Better Tomorrow ©)

Le Wu Tang Clan : comment réussir son retour

Le collectif new-yorkais est né dans les années 90, sa musique est parsemée de samples piqués dans des pépites de soul à l'ancienne et ses rappeurs sont inspirés par l'esthétique des films de kung-fu (même école de pensée que les français d'Iam).

Avec toutes ces références rétro, une absence prolongée et la disparition d'un de leur membre (Ol' Dirty Bastard), le retour aurait pu faire mal, mais il se trouve que c'est -au contraire- une belle claque aux idées reçues.

L'album , avec son titre ironique (« De meilleurs lendemains) n’a jamais été autant d’actualité : comme sur beaucoup de titres du WuTang, il y est question d’une société américaine rongée de l’intérieur par ses demons, le racisme ou les violences policières. Le disque, pourtant en gestation depuis de longues années, est arrivé au moment même des émeutes de Ferguson ou des manifestations à New york après la mort de deux citoyens noirs molestés par les autorités. Preuve que même après des années d'absence, la pensée du Wu Tang reste plus que pertinente ...et sa musique toujours en mouvement.  

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