Culture d'été. "Qui a peur", un spectacle cash au festival d'Avignon

Sur le plateau d'un théâtre de province, un couple de comédiens usés ressasse ses échecs professionnels et intimes. Pour continuer à tourner, lui a obtenu une subvention pour jouer avec deux jeunes issus de l'immigration. Mensonges, malentendus, préjugés, le conflit explose vite quand les quatre se rencontrent. "C’est un peu un théâtre de la cruauté, explique Aurore Fattier. Et en même temps c’est du mensonge, car ils jouent tout le temps. En fait le spectateur est dupé : Vous êtes à même de vous remettre en question, de réviser votre perception de la réalité et en plus c’est drôle ! 

Ce quatuor improbable parviendra-t-il à se comprendre, à vivre ensemble ? Les échanges sont rudes, parfois violents, l'auteur ose tout. Et si le théâtre permettait au-delà du conflit de vaincre le poison de l'amertume et de la frustration ? C’est tout le pari d’Aurore Fattier : "Ce sont des personnages qui sont très sur leur quant-à-soi et qui sont obligés d’aller l’un vers l’autre pour faire du théâtre ensemble, c’est ce que je trouve beau."

"Un peu clivant"

Version française montée en Belgique d'une pièce écrite et jouée d'abord en flamand, Qui a peur suscite le débat, pose des questions et nous épargne les réponses faciles. Les réactions du public sont variées. En France, les réactions ne sont pas les mêmes qu’en Belgique, a constaté Aurore Fattier : "En France, parfois, ça choque un peu, mais j’aime bien ça, que ce soit un peu clivant."

Menée à un rythme soutenu, Qui a peur atteint sa cible, portée par quatre interprètes aussi différents que virtuoses.