"Comme un karatéka belge qui fait du cinéma", de Jean-Claude Lalumière

La réponse se trouve dans les phrases définitives, les légendaires saillies verbales du karatéka belge devenue star du cinéma d'action à Hollywood. Quoi de mieux, quand on se pose des questions existentielles, que de croiser Jean-Claude Van Damme dans le bar d'un grand hôtel parisien ?

Notre protagoniste a quitté son village natal dans le Médoc, où son père est ouvrier viticole, sa mère, femme au foyer, son frère apprenti garagiste, pour Paris où il rêvait de cinéma. Mais il finit homme à tout faire dans une galerie d'art contemporain, épouse une fille de bonne famille et fait le dur apprentissage du grand écart social. Plus il s'intègre dans son nouveau monde, plus il délaisse sa famille. Un éloignement décrit avec justesse par Jean-Claude Lalumière.

Le roman est une déambulation nocturne et solitaire dans Paris, digne de Léon-Paul Fargue ou Antoine Blondin, quand un soir de vernissage, cet homme décide de trainer pour entrer chez lui. Le matin même il a reçu une lettre de son frère dont on ne connaîtra le contenu qu'à la fin du livre et son errance le conduit au bar du Lutetia où il rencontre Jean-Claude Van Damme, qui va très généreusement l'assaillir de bons conseils. Pour l'auteur, c'est du pain bénit.

Au-delà des moments drôles avec Jean-Claude Van Damme, il y a un écriture fluide, qui glisse de cette promenade nocturne aux souvenirs d'enfance, quelques moqueries bien senties sur le milieu de l'art contemporain, un récit très émouvant du retour dans le village natal et une vision précise de ce déterminisme social, très présent en ce moment en littérature.