"Bodybuilder" : des retrouvailles musclées

Et la bonne idée de ce film c'est justement de plonger dans un univers inattendu cette histoire qui, elle, est plus convenue : l'histoire d'un ado, incarné par le jeune comédien Vincent Rottiers, qui est en train de s'enfoncer dans la délinquance en banlieue, et qui va se réfugier chez un père qu'il ne connait pas et qui s'adonne donc au culturisme dans une salle de province, le jeune voyou se retrouvant pour le moins dépaysé au milieu de ces hercules bodybuildés et obsédés par leurs entrainements et leur règime alimentaire.

Et plus que le thème de la filiation ou de la transmission, c'est bien cet étrange univers qui donne sa force au film, d'autant que le père est interprété par un véritable champion de culturisme, François Yolin Gauvin, entouré de quelques-uns de ces collègues d'entrainement. Ce sport méconnu permet au cinéaste d'insuffler à son film un aspect presque documentaire mais aussi pas mal d'humour avec quelques clins d'oeil à Rocky , et d'ouvrir également pas mal de pistes de réflexion, sur le culte du corps parfait notamment, qui est loin aujourd'hui de ne concerner que les culturistes, ou les femmes. C'est d'ailleurs ce qui a intéressé la comédienne Marina Foïs, qui joue la femme du champion dans le film :

" Maintenant, les mecs mettent des crèmes hydratantes, ils s'épilent, donc la construction d'une image ou la transformation des corps , ce n'est plus réservé aux femmes. C'est un truc de l'époque. Et nous qui sommes acteurs sommes mal placés pour ricaner de ça. Moi, je suis fascinée, et je ne m'en exclus pas du tout, par le fait qu'entre le début de la carrière et 20 ans après, toutes les filles perdent entre 10 et 15 kilos, les mecs se musclent, on se blanchit les dents, et puis après il y a la chirurgie. Donc nous sommes nous aussi soumis à ce truc là. On se transforme. C'est vraiment un truc très contemporain. "