"Ave Cesar !" : vol au-dessus d'un nid en carton-pâte
C'est l'usine à rêves hollywoodienne que les Coen reconstituent dans ce film, une machine à fabriquer, à l'infini, des péplums, des comédies musicales, des mélodrames, des westerns ou même des ballets aquatiques, en s'adaptant en permanence au goût du public.
A un rythme soutenu, le spectateur est ainsi baladé d'un décor à l'autre, dans une comédie burlesque, portée par le regard à la fois amusé et cruel des frères Coen sur un monde peuplé de pantins souvent crétins, à commencer par Georges Clooney dans les sandales de Jules Cesar, star de péplum, mégalo et totalement idiot, kidnappé par des scénaristes communistes et buvant leurs paroles sans avoir la moindre idée de ce qu'ils peuvent bien raconter. Il y aussi Scarlett Johansson en starlette inaccessible à l'écran et parfaitement grossière en coulisse, ou Tilda Swinton en chasseuse de scoops hystérique et envahissante.
"Ave Cesar !" est proche parfois du film à sketchs
Un peu décousu, mais qui fonctionne, d'abord parce que les situations sont drôles et incongrues. Et parce que, même si les Coen nous embarquent dans un véritable asile de fous, ou l'on simule, où l'on manipule, où tout est factice et formaté, cet asile malgré tout produit de la magie, et cette magie est aussi présente à l'écran, au fil d'une reconstitution très soignée de cet univers en carton-pâte, comme si l'image et le rêve étaient, au fond, plus forts que ceux qui les fabriquent.
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