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Que devient Véronique Roy, mère d’un djihadiste mort en Syrie ?

Après une vague de départs sans précédent de jeunes Français vers la Syrie, le ministère de l'Intérieur lance une campagne de prévention. Dans les quatre spots diffusés à la télévision, des proches de Français partis rejoindre les rangs de Daech, qui témoignent.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Véronique Roy, le 1er octobre 2015 © Maxppp)

6 octobre 2015. Véronique Roy, la mère de Quentin témoigne. Le jeune homme de 23 ans qui vivait à Sevran, en banlieue parisienne, est en Syrie depuis un an. "C’est horrible, parce que moi je voudrais le prendre dans mes bras, je ne peux plus. Je ne peux plus l’embrasser, je ne peux plus le serrer dans mes bras, C’est très difficile de raconter ce qu’on vit, c’est mal vu, c’est mal compris ."

Deuil impossible

Trois mois plus tard, mi-janvier 2016, Véronique Roy a appris la mort de son fils par quelques mots rédigés à la va-vite et transmis via une messagerie instantanée... Le texte est laconique: le mystérieux interlocuteur apprend à Véronique que Quentin est "tombé en martyr en terre du califat". Depuis, la mère de famille de 54 ans se mobilise pour éviter d'autres départs de jeunes Français vers la Syrie. Quant à son fils, sept mois après son décès, Véronique Roy n'a pas pu récupérer sa dépouille.  "C’est compliqué, c’est très difficile, parce qu’on ne peut pas faire le deuil, on n’a pas de corps, on n’a pas de sépulture, pas de lieu où se réfugier. Et en même temps, la vie continue. Moi j’ai un autre enfant, chacun fait ce qu’il peut. Nous on est debout pour l’instant, tant bien que mal, blessés à l’intérieur mais debout. Tant que ce conflit ne sera pas terminé, on sera dans la souffrance. Et même après, on ne s’habituera pas à la mort de notre enfant à qui on n’a pas dit au revoir ".

Regards de l’extérieur

Evidemment, Véronique Roy n’ignorait rien des risques qu’encourait son fils Quentin, parti en Syrie. Mais, dit-elle, "on ne se prépare jamais à la mort d’un enfant. On avait ça dans un coin de la tête parce qu’on côtoyait des parents qui avaient perdu les leurs, donc on savait que c’était une probabilité mais on ne croyait pas à cette issue pour lui, moi j’ai cru jusqu’au bout que c’était un enfant qui reviendrait" explique Véronique Roy qui raconte également qu’elle doit vivre avec le regard parfois pesant des gens qu’elle croise. Et même si la majorité des gens sont bienveillants, "Il y a quand-même des insultes " regrette-t-elle. "Des gens qui sont extrêmement violents parce que tout ce qui touche au terrorisme renvoie à la peur et nous, nous sommes le coupable idéal : les parents déficients qui n’ont pas su empêcher notre enfant de partir. Il faut trouver des accusés ".

Mobilisation

Depuis le départ de son fils en Syrie, Véronique Roy se mobilise énormément pour faire barrage à la radicalisation et informer les familles. "C’est quelque chose qui m’aide, et ça doit être de l’ordre de la thérapie" constate Véronique Roy, "Et puis je ne veux pas que ça arrive à d’autres. Moi, je n’ai pas réussi pour mon enfant, c’est son histoire, c’est la nôtre, il faut vivre avec, mais j’aimerais que ça n’arrive pas à d’autres, parce que c’est un traumatisme ". Un numéro vert ‘Stop djihadisme’ a notamment été mis en place (0800 005 696), que Véronique Roy aimerait voir encore plus largement diffusé. " Il faut faire de la pédagogie sur ce numéro, parce qu’il y a encore des gens qui en ont peur. Peur de la délation car c’est très difficile de signaler quelqu’un. On a peur de le perdre. Mais il ne faut pas avoir peur. Tout ça vaut mieux qu’un départ parce qu’aujourd’hui, les jeunes qui partent ont vocation à mourir. Et il y a beaucoup d’enfants qui sont partis là-bas que les parents ou grands-parents ne reverront peut-être jamais ".

Véronique Roy se bat maintenant pour obtenir un certificat de décès pour son fils, pour fermer ses comptes bancaires, résilier l'assurance-vie. La mère de famille a interpellé le chef de l'Etat à ce sujet. Depuis sa mise en place, il y a deux ans, le numéro vert du gouvernement a permis de signaler un peu plus de 3.000 personnes supposées être en voie de radicalisation.

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