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Que devient Thomas Pesquet, le 10e astronaute français à être parti dans l'espace ?

Thomas Pesquet est le 10e astronaute français à être parti dans l'espace. Le Normand est resté dans la Station spatiale internationale du 17 novembre 2016 au 2 juin 2017.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Thomas Pesquet dans le studio de franceinfo, vendredi 23 juin 2017. (franceinfo junior / E. Faure)

17 novembre 2016. Depuis Baïkonour, au Kazakhstan, Thomas Pesquet s'apprête à décoller en direction de la Station spatiale internationale. L'astronaute normand de 39 ans est le dixième Français à partir dans l'espace. Sa mission doit durer un peu plus de six mois. Quelques instants avant son départ, Thomas Pesquet prend une dernière fois la parole. "Cela fait sept ans que je m'entraîne et pourtant je n'ai pas encore réalisé", explique-t-il. "Il va vraiment falloir attendre de s'asseoir dans la fusée et de sentir les vibrations du décollage, l'accélération et voir la Terre s'éloigner par le hublot."

Après 196 jours passés à bord de la station spatiale internationale, Thomas Pesquet fait son retour sur terre le 2 juin 2017. Il atterrit au Kazakhstan avec son collègue russe, sous les yeux d'Emmanuel Macron qui assiste depuis Paris à la retransmission en direct. Au cours de son séjour dans l'espace, le Français a réalisé une soixantaine d'expériences et réalisé deux sorties pour des opérations de maintenance. Thomas Pesquet vient de vivre, comme il le dit lui-même, "l'aventure la plus intense de [sa] vie". Cette aventure se prolonge depuis son retour sur Terre.

Des expériences scientifiques à terminer

"Il faut vraiment terminer cette mission", raconte Thomas Pesquet. "Ça va me prendre encore quelques semaines au centre européen des astronautes, à l'Agence spatiale européenne (ESA) à Cologne, à la Nasa à Houston, chez mes collègues russes à Moscou...", liste le Normand. "On est les cobayes de beaucoup d’expériences. On doit par exemple faire beaucoup de prélèvements pour les scientifiques. Il faut terminer ça", explique l'astronaute qui dit aussi sa joie de retrouver la terre ferme. "La vie dans l’espace, c’est formidable, mais il y a beaucoup de choses qui m’ont manquées. Sur la Terre, beaucoup de beautés s’observent de près."

À son retour sur Terre, Thomas Pesquet a retrouvé quelques plaisirs simples, comme prendre une douche, par exemple. "Dans la station, on se lave avec des lingettes, ce n’est pas très plaisant", raconte-t-il. Il a également eu le bonheur de retrouver une alimentation normale, composée "de choses fraîches, de fruits et de légumes". La liberté a aussi été un des grands changements après son voyage dans l'espace. "La nature, marcher, avoir le vent dans le visage" sont des plaisirs qu'il a retrouvés. Il a également renoué avec un de ses sens : l'odorat.

En sortant de la capsule, je sentais l'odeur de la steppe. Dans la station, on est un peu enfermés donc on ne sent pas tout ça parce que l'odorat est un peu mis en sommeil

Thomas Pesquet, astronaute français

à franceinfo

Mais l'espace, dit-il, reste un endroit addictif. Pourquoi ? Grâce à "la sensation de liberté", d'après lui. "On peut évoluer en trois dimensions, le corps ne pèse plus rien. C’est hyper facile ! On peut soulever facilement des charges de plusieurs centaines de kilos." Le Normand a eu l'impression d'avoir des super pouvoirs. "C'est le côté magique de la mission, on a l’impression d’être Superman, on peut voler. Quand on rentre sur Terre, on perd ces superpouvoirs donc évidemment, on a envie de les retrouver un jour."

Cohabiter avec cinq autres astronautes

Pendant plusieurs semaines, Thomas Pesquet a partagé la Station spatiale internationale avec cinq autres astronautes. Il explique que la cohabitation n'a pas été trop difficile à vivre, même dans un espace réduit et confiné. "Il faut prendre des gens qui sont compatibles, qui sont faciles à vivre, qui sont patients, qui ne s’énervent pas. Ça fait partie de la sélection parce que mettre six personnes dans un espace très confiné, c’est la recette miracle pour avoir des problèmes", détaille l'astronaute français. Il raconte également qu'il n'est pas possible de s'isoler en cas de tensions. "Il n’y a pas d’échappatoire : la seule partie privée, c’est la petite couchette dans laquelle on dort qui fait un mètre carré au sol."

Pendant ses 196 jours passés dans l'espace, Thomas Pesquet a posté des milliers de photos de la Terre, sous toutes ses facettes. Ce qui a marqué le plus l'astronaute ? La beauté de la Terre. "Je me rappelle qu'en arrivant, quand on voit la Terre défiler sous nos yeux, c'est vraiment impressionnant. Le bleu de la Terre luit parce que l’éclairage du soleil se reflète sur la planète. Les nuages, le blanc, la mer, le bleu, c’est absolument magnifique !" Il se rappelle aussi avoir vu l'atmosphère, "ridiculement mince". "C'est pourtant la seule chose qui nous protège des radiations, du vide, de l’absence d’oxygène et des températures extrêmes de l’espace que nous subissons dans la station spatiale." Conséquence : Thomas Pesquet prend conscience "qu’en proportion, sur la Terre on est beaucoup moins protégés que dans la station spatiale". Il fait un parallèle : "La Terre, c’est un vaisseau spatial avec une protection très mince. Il faut en prendre soin parce que sinon le voyage va mal se passer".

Bientôt un retour dans l'espace ? 

À 39 ans seulement, Thomas Pesquet peut légitimement espérer repartir un jour dans l'espace. Mais le Français sait que plusieurs inconnues seront déterminantes. "Il faut déjà rester en bonne santé, on n’est jamais à l’abri d’un problème médical même si on fait attention. Il faut aussi que la station spatiale reste en bon état. Tous les jours, il faut faire énormément d'efforts pour la maintenir en bon état donc il faut que cela dure encore quelques années."

Il estime aussi que l'intérêt des pouvoirs publics sera un des facteurs décisifs. "On n'est jamais qu'au service de la communauté européenne. On est en quelque sorte un service public, à l’Agence spatiale européenne." Selon lui, les futurs choix des décideurs politiques peuvent changer la donne. "Si les gens continuent à faire cela, on peut penser à de futures missions vers la station spatiale et peut être même au-delà, dans le futur." Et pourquoi pas vers mars ? D'après Thomas Pesquet, ce ne sera pas avant l'horizon 2030 ou 2035. En attendant, l'astronaute compte partir quelques semaines en vacances, avant de reprendre l'entraînement.

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