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Que devient le camp pour migrants de Tabanovce, en Macédoine ?

Huit mars 2016. Dans le camp de Tabanovce, au nord de la Macédoine, 1.500 réfugiés qui rêvent d'Europe s'entassent sous des tentes blanches et dans des préfabriqués saturés, dans le froid, la boue ou sous la pluie battante.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
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Franceinfo (Franceinfo)

 Ils arrivent d'Afghanistan, d'Irak ou de Syrie, pour fuir la misère ou la guerre explique Rajae Msefer Berrada, la directrice adjointe de l'Unicef en Macédoine. "Ils n’ont pas quitté leur pays par plaisir, ils ont été forcés, les conditions étaient telles qu’ils ont craint pour leur vie. Mais entre-temps, les politiques ont changé. Peut-être avez-vous vu cette déclaration commune des polices des pays des Balkans qui ont mis des conditions très dures en matière de transit" .

Fermeture de la route des Balkans

Quelques heures après plus tard, les dirigeants européens annoncent la fermeture de la route des Balkans. Les 1.500 réfugiés du camp, parmi lesquels beaucoup de familles, beaucoup d'enfants se retrouvent piégés. La plupart, 90% d'après les agences policières Interpol et Europol, font alors appel à des passeurs pour poursuivre leur route vers le nord de l'Europe. Cinq mois après la fermeture des frontières, il reste moins de 200 personnes dans le camp. Les autres se sont évanouis dans la nature explique Rajae Msefer Berrada, la directrice adjointe de l'Unicef en Macédoine.  "Quand on avait parlé aux réfugiés de l’époque, ils étaient plus de mille. Mais au fil des semaines, ce sont des familles entières qui ont quitté le centre. Ce que j’espère c’est qu’ils auront pu rejoindre un pays où ils pourront refaire leur vie"  dit la directrice adjointe de l’Unicef en Macédoine qui ajoute "Je suppose que s’ils sont partis, et ne sont pas revenus, c’est qu’ils ont trouvé quelque chose de mieux, en Allemagne ou ailleurs" .

Trafiquants et passeurs

Mais Rajae Msefer Berrada n’est pas complètement rassurée. Elle explique que les réfugiés, désespérés et désemparés, ont dû –pour la plupart- recourir à des passeurs pour pouvoir continuer leur périple vers l’Europe du nord. "Ces trafiquants ont profité de la détresse de ces gens-là en leur promettant de traverser et de gagner l’Allemagne par exemple"  explique la directrice adjointe de l’Unicef en Macédoine. Quant au camp de Tabanovce, il s’est presque entièrement vidé, ces dernières semaines. Seule une poignée de réfugiés continue à vivre dans le camp. Plusieurs possibilités s’offrent à ceux qui restent : "Ils peuvent demander l’asile politique en Macédoine, certaines familles l’ont fait, mais les démarches sont très longues et de toute façon, la plupart d’entre eux ne veulent pas s’installer dans ce pays"   explique Rajae Msefer Berrada, qui assure que la destination privilégiée des réfugiés reste l’Allemagne, "Même si certains réfugiés sont perdus, déboussolés" .D'après l'Unicef, plusieurs enfants, plusieurs femmes ont été forcés de travailler ou victimes d'abus sexuels pour rembourser leurs dettes. Pour apporter des soins, pour prodiguer un suivi psychologique, l'Unicef a reçu des fonds de l'Union européenne. L'agence des Nations unies a aussi mis en place des cours d'alphabétisation pour les enfants et les familles toujours bloqués dans le camp de Tabanovce.

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