Que devient Gaël Faye, prix Goncourt des lycéens 2016 ?
17 novembre 2016. Pour son premier roman "Petit pays", Gaël Faye reçoit le prestigieux prix Goncourt des lycéens. Dans son ouvrage, l'écrivain de 34 ans s'inspire de son enfance.
Dans, Petit pays, son roman, Gaël Faye raconte la vie, au Burundi, d'un petit garçon de 10 ans, confronté au conflit entre Tutsis et Hutus. Quand il apprend que les lycéens lui attribuent le prix, ce 17 novembre, Gaël Faye – arrivé en France à l'âge de 13 ans – dit sa fierté et son émotion. "J'ai été complétement émerveillé par cette nouvelle. J'ai voyagé dans toute la France avec les écrivains de la liste du Goncourt à la rencontre de ces lycéens, il y avait déjà eu des échanges très intéressants. Donc me voir consacré par ce prix c'est absolument merveilleux".
Le succès surprise
Depuis qu'il a reçu le Goncourt des lycéens, Gaël Faye s'est surtout consacré à son autre passion, la musique. Le Franco-Rwandais a enregistré un mini-album et surtout il s'est produit dans plusieurs festivals, dont le Printemps de Bourges. Côté littérature, les ventes de Petit Pays se sont envolées, l'ouvrage s'est déjà écoulé à plus de 340 000 exemplaires et il a fait beaucoup beaucoup voyager son auteur : "J’ai fait énormément de rencontres en librairie, énormément de salons littéraires. J’ai rencontré beaucoup de lycéens, d’étudiants, en France, en Belgique, en Allemagne, au Maroc, en Egypte, au Rwanda. Ce roman m’a fait beaucoup voyager". Trente traductions sont aussi en cours et là il y a beaucoup d’autres pays dans lesquels l'écrivain va aller. "Ce roman m’accompagne tous les jours, ça a pris beaucoup de place dans ma vie", explique Gaël Faye qui ne s'attendait pas à ce que son roman connaisse un tel succès.
Peti pays c’est un livre qui parle d’une histoire qui raconte le Burundi des années 90, qui aborde la question du génocide des Tutsis au Rwanda. "Et d’expérience, je sais que ce ne sont pas des sujets qui sont accessibles. Ce n'est pas assez universel. C’est des sujets qui font peur et donc… Moi en écrivant ce roman, j’étais persuadé que ça n’allait parler qu’à d’anciens du Burundi, à des gens qui ont un tropisme pour l’Afrique ou pour les littératures qui parlent d’Afrique". Le jeune auteur ne s’attendait donc pas du tout à être dans les cadeaux de Noël au même niveau qu’Harry Potter.
Ecrivain et chanteur
En plus d’être écrivain, Gaël Faye est aussi auteur-compositeur-interprète. On l'a vu récemment au Printemps de Bourges.
Entre le salon littéraire et le festival, Gaël Faye choisi la musique : "Monter sur scène, c’est la liberté la plus absolue. On décide de ce que l’on veut faire, de ce que l’on veut dire. Pour moi, on est là pour briser tous les carcans, toutes les timidités, tout ce que l’on retient en permanence dans le jeu de sociabilité de la vie de tous les jours".
Pour lui, dans les salons littéraires il y a encore beaucoup de formes, c'est très installé, institutionnalisé. Il y a des discussions, le public est bien assis et écoute "un auteur répondre à une question à laquelle il n’avait pas forcément pensé et qui élabore toute une théorie autour de ça. Cela reste quelque chose d’assez scolaire", dit Gaël Faye.
Pour le jeune auteur, "les séances de dédicace sont des moments qui ne sont pas naturels. D'ailleurs, on a dans le livre une liberté qu’on ne retrouve pas dans la façon dont on présente les livres. Ce qui n’est pas le cas dans la musique", raconte Gaël Faye.
"Finalement, dans la musique ça pourrait quasiment être l’inverse. C’est-à-dire que le studio est un endroit finalement très maîtrisé parce qu’il y a la technique, il y a les micros. Et la scène, c’est l’instant où on peut faire vivre l’album avec toute la folie ou la réserve qui nous habite. C’est ça qui est intéressant", analyse Gaël Faye.
Retour en France
Depuis des années, Gaël Faye est installé au Rwanda, avec son épouse et ses deux enfants en bas âge. Mais, dans les mois qui viennent, il pourrait revenir en France ou en Belgique. "C’est pour préserver ma vie familiale parce que je suis très heureux à Kigali et mes enfants également comme mon épouse. Mais c’est vrai que les allers retours sont très contraignants", explique-t-il.
L'année dernière, l'écrivain a dû faire dix fois l’aller-retour et c’est beaucoup. Il y a douze heures de vols. L’année prochaine, un nouvel album va sortir, il y aura les trente traductions du roman à l’étranger, une adaptation cinématographique du roman. "Toutes ces choses-là font que je devrais souvent être dans le coin, en Europe ou voyager. Et Kigali n’est pas encore central", fait remarquer Gaël Faye.
Ces cinq dernières années, le Goncourt des lycéens est le prix littéraire qui connaît le plus de succès, avec 395 000 ventes en moyenne, devant le prix Goncourt qui atteint 345 000 exemplaires. Petit pays peut donc espérer poursuivre sa belle destinée. Gaël Faye a déjà entamé l'écriture d'un deuxième livre mais son prochain rendez-vous sera musical, avec la sortie d'un nouvel album au printemps 2018.
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