Que devient Frédéric Champly, le lanceur d'alerte de la vallée de l'Arve ?
En décembre 2016, le médecin Frédéric Champly s'était mué en lanceur d'alerte sur la pollution de l'air de la vallée de l'Arve. Candidat malheureux aux élections législatives de 2017, il continue sa lutte depuis, sans faiblir.
7 décembre 2016. Derrière le décor de carte postale se cache l'une des vallées les plus polluées de France. D'après les estimations, 155 000 personnes sont exposées à la pollution dans la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie. En cause, le trafic routier, le chauffage et les usines qui émettent des particules fines. En cet hiver 2016, la vallée connait donc un nouvel épisode de pollution et Frédéric Champly, le chef des urgences de l'hôpital de Sallanches, donne l'alerte. "Se protéger en période d'alerte, cela veut dire éviter toute activité physique intense. Donc il y a des mesures indispensables à prendre, les clubs de sports dans toute notre vallée ne doivent plus entraîner les enfants ni même les adultes. Pas d'activité physique intense."
Battu aux législatives, mais avec 13% des voix
Poussé par un collectif de citoyens, Frédéric Champly a décidé en début d'année de transposer son engagement pour l'environnement dans le domaine politique. En juin dernier, le médecin s'est donc présenté aux élections législatives dans la sixième circonscription de Haute-Savoie. Il a été battu au premier tour mais n'a pas renoncé à défendre sa vallée. Même si son franc-parler continue à lui valoir quelques critiques. "Je suis critiqué mais critiqué par les gens que mon discours dérange parce qu'il secoue un peu des choses qu'on ne veut pas tellement secouer. Vous savez, on est une vallée assez conservatrice. On a un tourisme qu'on veut protéger, ce qui est absolument normal", reconnaît-il.
"Maintenant, on n'est pas d'accord sur la méthode. Il y a des gens qui pensent qu'il faut protéger le tourisme en ne parlant pas de nos problématiques et en cachant tout sous le tapis" regrette Frédéric Champly. Qui ajoute : "Moi je représente une énorme partie des gens qui pense que notre tourisme sera préservé si on règle nos problématiques locales et qu'on offre à nos touristes, en plus d'un panorama exceptionnel qu'on aura toujours, une qualité de l'air à la hauteur du panorama."
Quelques mois après avoir à nouveau lancé l'alerte, Frédéric Champly regrette que ses appels n'aient guère été entendus. "Cela n'a été suivi d'aucun effet, quelques brassages de vent par des gens de droite comme Wauquiez qui sont venus proposer des fonds. Mais on était à deux mois des élections législatives donc personne n'était dupe. Ou madame Royal à trois semaines du départ pour essayer de redorer le blason des socialistes..." Peu d'effets, donc, sauf la candidature de Frédéric Champly aux élections législatives. Frédéric Champly n'a pas été élu mais il conserve un souvenir positif de sa campagne. "Dans une vallée culturellement de droite depuis toujours, sans étiquette et sans appareil politique, c'est extrêmement difficile d'être élu. Je fais un score à deux chiffres ce qui est incroyable et salué par tout le monde", se félicite Frédéric Champly. "Je pense que sur les 577 circonscriptions, au niveau national, il n'y en a eu qu'une seule qui s'est jouée sur une seule problématique, à savoir la qualité de l'air. Il faut savoir que pendant trois mois nous n'avons parlé que de cela."
La qualité de l'air, une problématique nationale ?
Même s'il n'a pas été élu, Frédéric Champly espère que la défense de la qualité de l'air et la lutte contre la pollution seront des thématiques présentes à l'Assemblée nationale. "Je pense que j'ai assez secoué les choses et le cocotier pour me dire que les gens, qui pendant trois mois, ont parlé de qualité de l'air dans notre vallée ont bien pris conscience que c'est quelque chose qui tient à coeur aux habitants", espère-t-il. "Et quand on sait que la qualité de l'air est la troisième cause de décès au niveau de notre territoire national on peut imaginer que ce n'est pas un petit sujet."
Nouvel épisode de pollution à l'hiver 2017 ?
Sans surprise, le médecin prédit un nouvel épisode de pollution l'hiver prochain dans la vallée. "Nous sommes une vallée qui a un air moyen sur l'année, de mauvais à très mauvais un jour sur deux. C'est une bataille sur le long court, les mesures qui sont à mettre en place si elles peuvent régler la problématique à court voir moyen terme, le court voire moyen terme c'est pas six mois" prévient le médecin. "La méthode, c'est l'action. Ce sont des choses extrêmement simples : mettre les camions sur le rail, aider les gens à changer leur système de chauffage, aider nos industries à devenir vertueuses. Tout est extrêmement simple, mine de rien, à mettre en place dès lors que c'est l'Etat qui s'y attelle."
La pollution de l'air due aux particules fines cause la mort de 48 000 personnes chaque année. D'après une étude, deux décès sur trois pourraient être évités si les communes s'engageaient davantage dans la lutte contre la pollution.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.