Ils ont fait l'actu. La romancière Chantal Thomas intègre l'Académie française

28 janvier 2021. La romancière Chantal Thomas – autrice notamment du livre Les Adieux à la Reine aux éditions du Seuil – est élue dès le premier tour à l'Académie française. À 75 ans, celle qui est spécialiste du siècle des Lumières, remplace Jean d'Ormesson, au fauteuil numéro 12. "C'est vraiment quelqu'un qui représente un art de vivre tout à fait rayonnant. J'espère être du côté de cette joie, de cette joie qui émanait de lui".

Depuis la création de l'Académie française en 1635, Chantal Thomas est seulement la dixième femme à faire son entrée parmi les immortels. Admiratrice du philosophe Roland Barthes, du dramaturge Thomas Bernhard, et surtout de Jean d'Ormesson, la romancière et essayiste rêvait de lui succéder sous la coupole.

"Je ne m'étais jamais présentée avant. J'avais échangé des cartes ou des livres avec Jean d'Ormesson et c'est quelqu'un qui existait pour moi. Lui, en tant qu'être, ses livres et son horizon à la fois hédoniste et une manière très intelligente de savourer l'instant et une vision du temps, une vision historique. Donc, c'était vraiment ce fauteuil, cette mémoire que je souhaitais rejoindre", expose-t-elle.

Intégrer d'autres femmes aux immortels

Chantal Thomas ressent une fierté supplémentaire à être seulement, après Barbara Cassin l'année dernière, la dixième femme à entrer sous la Coupole. "Je trouve que ça a un sens puisque c'est simplement en 1980 que Jean d'Ormesson, précisément, a fait en sorte que Marguerite Yourcenar soit élue", souligne Chantal Thomas.

C'est un très long trajet qui a beaucoup de sens pour moi aussi, dans la mesure où les femmes sont très présentes en littérature, dans le monde du spectacle, dans tout domaine de créativité. Et c'est tout à fait juste qu'elles soient représentées à l'Académie française

Chantal Thomas

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Quand l'occasion se présentera, Chantal Thomas s'attachera à faire entrer d'autres femmes à l'Académie française "en raison de comment et combien j'estime leurs travaux". "Vous savez, toute femme qui travaille, toute femme qui a une carrière professionnelle vit ça. Donc là, c'est simplement peut-être plus visible parce que ça a été explicitement affirmé et concrétisé", confie-t-elle.

Celle qui rejoint ainsi les immortels s'amuse du terme, préfère néanmoins se "sentir vivante et intacte". Pour l'écrivain, il est primordial que les hommes se souviennent qu'ils sont mortels. "Je crois qu'il y a un art de vivre, un hédonisme, une attention à chaque geste et à chaque journée qui est d'autant plus forte si on se souvient de ça, si on ne prend pas le temps qui nous est alloué – le temps qu'on a à vivre – comme une donnée sans importance. Oui, je pense que c'est crucial de savoir qu'on est mortel".

L'imprévisible prévisible

Son entrée à l'Académie française, Chantal Thomas n'y avait jamais vraiment pensé. "C'est à la fois relativement imprévisible à mes propres yeux et en même temps en continuité avec beaucoup de mes recherches et beaucoup de mon imaginaire. C'est-à-dire que j'aime à la fois le vagabondage, j'ai adoré l'auto-stop, les grands espaces, le désert, mais j'ai aussi très tôt aimé une harmonie et quelque chose du côté d'un ordre, mais d'un ordre qui répond à une certaine aspiration."

La romancière s'imagine déjà se sentir à l'aise sous la Coupole, "d'abord parce que certaines des personnes académiciennes, je les connais déjà. Et ensuite, les lieux clos - dans le but ou l'esprit est la raison d'être et la littérature est le langage - ça m'est proche", ajoute Chantal Thomas.

Dans quelques semaines, cette dernière fera son entrée officielle à l'Académie française. Comme le veut la tradition, elle prononcera alors un discours d'éloge de son prédécesseur, Jean d'Ormesson. En attendant, la romancière consacre son été à l'écriture sur la côte d'Azur.