Ils ont fait l'actu. Aurélien Pradié, député Les républicains, revient sur le long épisode de la réforme des retraites.
Le 20 mars 2023, après avoir laissé entendre le contraire et à l'encontre de la consigne de son parti Les Républicains, le député Aurélien Pradié vote la motion de censure transpartisane qui vise à faire basculer le gouvernement. Quatre jours avant, la Première ministre Élisabeth Borne à déclenché le 49.3 pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. Il se justifie à l’époque : "J’ai pris cette décision en patriote, qui ne supporte plus de voir le spectacle d'affaiblissement démocratique. Il faut voter la motion de censure et je pense qu'Emmanuel Macron a besoin de cet électrochoc", déclare Aurélien Pradié.
La motion de censure du groupe Liot a rassemblé 278 voix sur les 287 nécessaires, le gouvernement a résisté à neuf voix près. Lors de ses interventions médiatiques, Aurélien Pradié prend bien le soin de se démarquer des Républicains sur les retraites et sa ligne rouge, ce sont les carrières longues. Au parti, ils sont nombreux à réclamer, exaspérés, son exclusion et celle des députés frondeurs. En février, Éric Ciotti lui a envoyé un texto pour lui signifier qu'il n'était plus numéro deux.
Un geste "inélégant et blessant" estime quelques mois après Aurélien Pradié, tout en réaffirmant son autonomie. "Ce vote, souligne-t-il, venait couronner presque un mois de bataille politique très dur et là, j'ai eu à choisir entre ma liberté et une forme de soumission. Je sais que de l'extérieur, on peut se dire au fond, avec les quelques députés qui ont mené la fronde. Ils l'ont fait un peu comme des gosses le feraient peut être sans se rendre compte des conséquences. En fait, on était absolument conscient des conséquences de nos actes et de la gravité de la décision. Beaucoup se disaient aussi 'Aurélien Pradié sera tout seul où ils seront deux ou trois'. Et puis, petit à petit, dans la journée, on se rend compte qu'on va être presque une vingtaine. Moi, je pense que s'il y avait une semaine de plus, la motion de censure était adoptée, que des 19 députés, il y en aurait eu 25, peut être une trentaine."
De son point de vue, il n’y a donc pas eu de "revirement". “les observateurs m'ont prêté une réflexion que je n'avais pas. Dès le début, j'ai dit que la motion de censure portée par la Nupes et par le Rassemblement National ne me convenait pas. Or, cette motion de censure, elle n'était pas portée par ces partis mais par le groupe Liot, ce qui est très différent. Et deuxièmement, durant le week end qui a précédé les évènements, le gouvernemen avait dit pas de 49.3, ils l'avaient presque juré devant les Français. Or on apprend qu'il va y avoir un 49.3 et donc ça, ça change totalement la donne. La réponse de la motion de censure, c'est la réponse du berger à la bergère," ajoute Aurélien Pradié. Il estime que cette séquence lui a permis de se “révéler au sens le plus strict du terme”.
"L'épisode des retraites a permis aussi, pour moi, d'affirmer un caractère."
Aurélien Pradiéà franceinfo
Il poursuit : “Plus ils m'ont tapé sur le coin de la figure, plus ils m'ont façonné aussi. Ça a été une étape déterminante parce qu’elle m'a donné de l'indépendance et c'est vrai qu'en politique, c'est ce qui fait que vous passez des caps, c'est quand vous vous mettez un peu à votre propre compte.”
"J'apprends en marchant"
Malgré sa volonté d’autonomie de plus en plus évidente, Aurélien Pradié estime qu’il a toute sa place parmi les Républicains, “c’est ma famille politique. Ma première carte que j'ai pris, c'était l'UMP, c'était chez Les Républicains. Et quand je m'engage tout gamin à droite, c'est parce que je crois que la droite, elle, porte ce message populaire que je souhaite moi aussi porter donc en fait, c'est de l'intérieur qu'il faut que je change les choses. La facilité, ce serait de me barrer. Il y a bien des sujets sur lesquels on est d'accord seulement sur les retraites, ce n’est pas le cas. Mais vous savez, aux dernières présidentielles, on a fait moins de 5%. Et qu'est ce qui peut croire qu'on va passer de moins de 5% à plus de 50% sans casser un peu de vaisselle ? La droite ne parle plus à personne", estime Aurélien Pradié.
"Il faut un travail de refondation que je propose. C’est une forme de courage politique de rester dans la maison et faire bouger les lignes."
Aurélien Pradiéà franceinfo
Les critiques de ses détracteurs c’est justement qu’il reste dans le parti tout en traçant un chemin parfaitement solitaire et que même s’il évoque souvent les Français, la lumière c’est pour lui qu’il la recherche, il coupe court, “quand vous avez 37 ans et pas un parcours tout à fait comme les autres. Vous avez forcément toutes les maladies. En général, il me prête exactement les maladies qu'ils ont eux mêmes. Comme mon parcours n’est pas tout à fait conventionnel, je comprends aussi qu'il puisse attiser des mesquineries, parfois de petites jalousies. C'est la vie politique, c'est pas très grave.
Interrogé sur ses ambitions en 2027 ,il botte encore en touche, vous avez remarqué que j'ai déjà beaucoup de gens qui me veulent du bien. Si en plus, je me mets à parler de 2027, je risque d'avoir encore plus de gens qui me veulent du mal. J'apprends en marchant. Et puis j'ai un autre avantage, c'est que j'ai du temps et que je suis beaucoup moins pressé que j'en ai l’air.” proclame Aurélien Pradié.
Cet été, Aurélien Pradié prend de longues vacances pour faire du sport, du surf, sa passion, même si “vous passez plus de temps à ramer qu'être sur la vague. C'est une école d'humilité, de liberté et de résistance bien utile pendant l'épisode sur les retraites.” conclut-il.
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