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Ils ont fait l'actu. Aïssa Maïga, actrice et réalisatrice du documentaire "Marcher sur l'eau"

Retour avec Sandrine Etoa-Andegue sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Aïssa Maïga, actrice et réalisatrice de documentaire "Marcher sur l'eau". Un documentaire où il est question du changement climatique.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Aïssa Maïga, actrice et réalisatrice du documentaire "Marcher sur l'eau". (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

10 novembre 2021. Marcher sur l'eau, le deuxième documentaire de l'actrice Aïssa Maïga sort en salles. Le film, tourné entre 2018 et 2019 au Niger, raconte comment tout un village se bat face au changement climatique et pour avoir accès à de l'eau potable.

La comédienne dit s'être servie de tous "les outils de la fiction narrative pour créer ce documentaire. Créer l'empathie, faire en sorte que le spectateur et la spectatrice passent un moment avec ces personnes, pleurent avec elles, mais aussi rient avec elles."

Marcher sur l'eau a fait partie d'une sélection éphémère au Festival de Cannes 2021. Aïssa Maïga y montre notamment le quotidien de Oulaye, quatorze ans, qui doit marcher des kilomètres pour aller puiser de l'eau. Or, un lac existe dans la région et un simple forage pourrait changer la vie des habitants du village. En France, regrette Aïssa Maïga, le documentaire n'a pas eu le succès espéré. "Je n'ai pas les chiffres exacts, mais en salles, non, ça n'a pas été vraiment un énorme succès. Maintenant, il est sur la plateforme OCS donc il est beaucoup plus vu. Et c'est un film qui voyage énormément, que ce soit dans les capitales des pays africains ou des États-Unis, d'Europe ou d'ailleurs."

"La stupéfaction est la même lorsque les spectateurs découvrent la dureté de la vie quotidienne de personnes qui sont impactées par le changement climatique, mais qui ne sont pas des personnes qui polluent."

Aïssa Maïga

à franceinfo

Certaines choses ont changé pour eux depuis la sortie du film et cette visibilité donnée à leur quotidien car l'ONG avec laquelle l'équipe du film a travaillé a construit le forage avec l'appui du gouvernement du Niger. Donc, "l'arrivée de cette eau potable et accessible change tout. Les conditions se sont améliorées, mais je dirais que tout reste à faire", commente Aïssa Maïga.

La réalisation, "un vieux rêve"

Être derrière la caméra, à la réalisation, c'est quelque chose dans laquelle elle souhaite s'inscrire de plus en plus. "C'est un vieux rêve, la réalisation. Quand j'ai commencé mon parcours de comédienne, j'ai tout de suite su que je ne ferais pas que ça. Mais pour autant, je n'avais pas d'autres compétences. Et à force d'expériences sur les plateaux, je pense que j'ai appris, comme dans une sorte de formation continue. Et aujourd'hui, je me vois faire les deux. Je n'ai pas du tout envie de choisir. Je continue complètement ma carrière d'actrice et j'ai beaucoup, beaucoup d'envies de réalisation, aussi bien au niveau du documentaire que de la fiction", confie l'actrice.

Actrice, réalisatrice et activiste, son discours aux César en 2020 avait marqué les esprits. Elle avait compté le nombre de personnes noires dans la salle pour pointer le manque de représentativité dans le cinéma français. Aujourd'hui encore, des gens continuent de lui parler de ce discours. "Il a vraiment éveillé la haine, notamment au niveau de l'extrême droite. Ça a été vraiment farouche. Mais je reçois tous les jours des témoignages de soutien, notamment via les réseaux sociaux. Ça me donne énormément d'énergie pour continuer. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, depuis plus d'une vingtaine d'années maintenant, mène des études sur la représentation des non-Blancs sur les écrans. Une des difficultés, c'est qu'en France, on ne peut pas compter les individus en fonction de la couleur de leur peau. Cela repose sur une idée qui est noble : on ne divise pas la société française. Nous sommes censés être tous Français. Mais le problème, c'est que lorsqu'il y a beaucoup de discriminations, qu'elles sont d'ordre systémique et durable, donc le fait de ne pas pouvoir comptabiliser" est un handicap, estime Aïssa Maïga.

Aïssa Maïga sera à l'affiche de trois films en salles prochainement. Elle travaille sur son troisième documentaire consacré à son père, un journaliste politique malien assassiné à la fin des années 80. Fin juin, elle a été invitée, ainsi que Vincent Lindon, à rejoindre l'Académie des Oscars. Ils pourront donc voter pour les lauréates et lauréats de la prochaine édition.

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