Il était une fois en Amérique : 1948, Truman l'emporte contre toute attente
Alors que l'élection présidentielle se profile aux États-Unis, retour pendant tout l'été sur des épisodes marquants de l'histoire politique américaine.
L’Amérique écoute Dinah Shore chanter Buttons and Bows quand le président Harry S. Truman, qui avait remplacé Roosevelt décédé en 1945, se présente pour un nouveau mandat en 1948. Après 16 ans au pouvoir, les démocrates craignent de perdre la Maison Blanche. Pour tous les observateurs, Truman sera battu par son adversaire républicain Thomas Dewey.
Truman se lance alors, à 64 ans, dans un tour des États-Unis. C’est un immense pari, les présidents en exercice se contentant alors le plus souvent d’une campagne très minimaliste. Truman joue crânement la carte de la campagne de proximité n’hésitant pas à flirter avec la démagogie. Il y gagne l’image d’un homme du peuple, proche des gens.
Une campagne sur rails
Cette campagne en train s’arrête dans des dizaines de petites gares, autant de petites villes. Truman est omniprésent, dénonçant partout le "Congrès attentiste" qui est aux mains des républicains et faisant preuve d’une incroyable empathie avec toutes les foules qu’il rencontre, s’arrêtant juste le temps de sauter sur la plateforme et de prononcer un discours aux accents populaires, voire populistes.
Truman se vend comme Monsieur Tout-le-Monde, il est le fermier, le vétéran, le maçon, le vendeur… Il les comprend tous, multiplie pour cela les allusions à ses difficultés économiques personnelles, lui qui avait fait faillite dans les affaires et s’était retrouvé ruiné en 1922. Il se présente systématiquement comme un homme modeste, près du peuple, honnête et intègre. Il évoque aussi très fréquemment sa famille comme si, métaphoriquement, sa famille était le peuple américain.
Et au petit matin du 3 novembre 1948, c’est la surprise du siècle : "L'Amérique a voté et monsieur Truman redevient président des États-Unis, malgré les efforts de son adversaire qui jusqu'au dernier moment semblait cependant devoir l'emporter", entend-on à la radio française. L’image est connue. Truman jubile, il tend triomphalement la une du Chicago Daily Tribune qui avait imprudemment imprimé la victoire de son adversaire.
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