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Microcrédit: succès et dérive de la "banque des pauvres"

Encore inconnu il y a 30 ans, le microcrédit a vécu  une croissance folle. Considéré comme l'arme absolue pour lutter contre la pauvreté, son nombre de bénéficiaires a  baissé pour la première fois cette année dans le monde et en France. Faute à la crise, aux soupçons de corruption, au surendettement, le microcrédit fait face à des temps difficiles.
Article rédigé par Lucie Montchovi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Lorsque l'on parle de microcrédit, on pense tout de suite à son
créateur de génie, le prix Nobel de la Paix, 2006,  Muhammad Yunus. Il vient du Bangladesh. C'est
dans son pays qu'il a fondé en 1983, la Grammen Bank. La première banque de
microcrédit. A ce jour, près de 11 milliards de dollars ont été prêtés à des
millions de personnes, souvent très pauvres et qui n'avaient pas accès aux
banques traditionnelles. Les prêts consentis, sans intérêt, leur permettent de
développer des petites activités commerciales, artisanales ou agricoles.

En quelques années le système inventé par Muhammad Yunus est
dupliqué dans 85 pays du monde. La banque mondiale recense rapidement
10 000 institutions au quatre coins de la planète. Avec un épicentre qui
se trouve en Asie.

Succès planétaire pour le microcrédit et France?

En France aussi on a notre microcrédit, c'est
l'ADIE. C'est l'association pour le droit à l'initiative économique. Depuis sa création en 1989, 100.000 microcrédits ont été délivrés, 100.000 emplois créés grâce à ses prêts et 94 % des crédits
qui ont été remboursés. Des bons chiffres qui font oublier que dans certains
pays comme l'Inde, l'expérience a tourné au vinaigre. 

Pourquoi ?

Concrètement en Inde, le microcrédit est venu remplacer les usuriers. Mais
depuis quelques années, beaucoup de ménages se sont surendettés. Dans l'état de
l'Andra Pradshe par exemple, les autorités ont même constaté des suicides parmi
les bénéficiaires. Quand des microprêteurs exploitent des personnes
vulnérables, c'est aussi la part sombre de ce système extrêmement peu
règlementé. Et qui laisse place à des dérives que l'on retrouve aussi dans la finance
selon Maria Nowak , économiste, fondatrice de l'ADIE et ambassadrice du microcrédit en France et dans le monde.

 

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