Retour au "splendide isolement" ? Churchill et le Brexit

Retour ce matin le 19 septembre 1946 à l’Université de Zurich. Winston Churchill, L’ancien premier ministre britannique, battu à la surprise générale lors des élections de juillet 1945, prend la parole…

Nous devons ériger quelque chose comme les Etats-Unis d'Europe. Mais si nous voulons le faire, nous devons commencer maintenant.
Le premier pas vers la nouvelle formation de la famille européenne doit consister à faire de la France et de l'Allemagne des partenaires.

Libre de sa parole, Churchill peut surprendre. Appeler à des Etats-Unis d’Europe et à un partenariat franco-allemand voilà qui est des plus audacieux dans les décombres de la Seconde Guerre mondiale.

Certains ont vu dans l’ancien Premier ministre britannique un père de l’Europe. C’est aller un peu vite en besogne. Parce qu’en fait, Winston Churchill n’imagine pas que le Royaume-Uni fasse partie de ces Etats-Unis d’Europe.

Et l’on repense en fait à la doctrine du splendide isolement définie à la fin du XIXème siècle et selon laquelle le Royaume-Uni s’extrait des affaires européennes… Seule la crainte de voir une puissance dominer l’Europe continentale et à terme menacer les îles britanniques d’une invasion est de nature à pousser le Royaume Uni à se réinvestir dans les affaires du continent. C’était déjà le cas à l’époque des guerres napoléoniennes, c’est le cas au début du XXème siècle avec la montée en puissance de l’Allemagne et de la triple alliance, qui poussera le Royaume-Uni à s’allier à la France puis à la Russie, et ce sera évidemment à nouveau le cas au moment de la Seconde Guerre mondiale…

L’Europe idéale pour le Royaume-Uni a longtemps été une Europe continentale stable, reposant sur deux puissances de niveau équivalent, d’où l’appel de Churchill a un partenariat franco-allemand en 1946, et par conséquent mettant le Royaume Uni à l’abri d’une invasion. En entrant dans la CEE en 1973, largement piloté par les Etats-Unis, le Royaume Uni a abandonné cette vieille doctrine centenaire. En quittant l’Europe, d’une certaine manière, elle y revient.