Quand Libé se convertissait à l'économie de marché (1973-1986)
"En marge des capitaux privés, des banques et de la publicité"
C'est ainsi que Sartre souhaite "Libération ". Garantie de son indépendantce, les salariés sont propriétaires du journal et les lecteurs parties prenantes de la ligne éditoriale.
Mais les difficultés économiques s'amoncellent rapidement et les débats sur la ligne politique font rage. Comment, par exemple, continuer à soutenir l'extrême gauche allemande prise dans la tourmente de la violence politique? En octobre 1977, la prise d'otage du chef du patronat allemand, puis son assassinat par la Bande à Baader sont condamnés par le journal. Une centaine de lecteurs prennent possession des locaux de "Libé " critiquant la ligne éditoriale et réclamant une pleine page pour s'exprimer. Cette grande crise de 1977 au cours de laquelle Libé ne cèdera pas marque un tournant majeur dans la vie d'un journal qui change.
L'âge d'or
En mai 1981, Libé reparaît après quelques semaines d'arrêt. C'est le début d'un âge d'or. Les ventes s'envolent et le journal s'impose comme une référence. L'arrivée de capitaux privés et de la publicité en 1982 éloignent "Libé " de l'idéal défini par Sartre. Mais Serge July, l'un des fondateurs désormais aux commandes, assume cette évolution. De même qu'en 1986 lorsqu'à la suprise de beaucoup, la nouvelle maquette offre une place de choix aux... cours de la bourse, chose absolument inimaginable quelques années plus tôt.
Au fond, ces premières années de Libé, c'est l'histoire de la conversion de la gauche à l'économie de marché.
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