Quand les Parisiens rejetaient la Tour Montparnasse

Retour le 30 novembre 1965, un projet urbanistique et architectural de grande ampleur vieux de 7 ans est enfin sur les rails, et c’est le cas de le dire… Mais cette tour qui doit être construite dans le quartier de la gare Montparnasse (qui doit être rasée et reconstruite d’ailleurs dans le même projet) suscite déjà des tensions…

Pierre Giraud, conseiller municipal socialiste de Paris, vient tenter de rassurer les Parisiens sur un aspect essentiel :

Un certain nombre de Parisiens craignent de voir cette tour se profiler de façon désagréable derrière de grandes perspectives parisiennes, en particulier la perspective des Invalides. Or les photo-montages prouvent qu'à quelque point qu'on se place des Invalides, la tour de Maine-Montparnasse est toujours très à gauche et ne gâche jamais la perspective.

Peut-être est-ce de la mauvaise foi, peut-être que les photos étaient mal réalisées, toujours est-il qu’au moment de l’inauguration en 1973, l’un des principaux reproches que l’on fait à la tour Montparnasse, c’est de ruiner l’axe alignant le palais de Chaillot, le Trocadéro, la Tour Eiffel, le Champ-de-Mars et l’Ecole militaire.

Une "verrue"

La modernité qu’avait absolument voulue Malraux, lui qui a tenu à bout de bras le projet, est alors sur le banc des accusés. On parle de "verrue" dans le paysage parisien…

Le rejet de cette tour est tel que quelques années plus tard, en 1977, Michel d’Ornano, ministre de l’Industrie, mais surtout candidat à la Mairie de Paris en fait un argument de campagne :

Bon, il faut protéger Paris. Les Parisiens n'ont pas envie de ces tours qui ont proliféré. Il faut donc marquer un coup d'arrêt aux tours..

Malgré cet argument populaire, d’Ornano sera battu par Chirac à la mairie de Paris. Mais l’idée de limiter la taille des tours fait son chemin, puisque quelques mois plus tard, le Plan d'Occupation des Sols de la Ville de Paris interdira toute construction au-delà de 37 mètres.

Les projets actuels nous disent que 42 ans après son inauguration, on commence, enfin, à oublier (un peu) la tour Montparnasse…