Quand le concours général était la cible de la gauche et de la droite
Retour à la fin du mois de juin 1962. Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le Premier ministre du général de Gaulle, Georges Pompidou, prononce un discours à l’occasion de la remise des prix du concours général.
De tous les concours, celui-ci me paraît le plus beau. D'abord parce qu'il est ouvert à tous les meilleurs sans exception, comme il convient dans un pays libre, et parce qu'il est désintéressé. Vous avez combattu pour l'honneur, et pour l'honneur seul.
Pompidou, qui a remporté en 1929 le premier prix de version grecque, connaît bien le concours général, un exercice gratuit, et dont les candidats ne sont mus que par l’amour de la littérature, du grec, du latin, des mathématiques, de la physique et, bien entendu, de l’histoire. Six disciplines longtemps les seules à avoir les honneurs du concours général.
Mais dans les années 1970, le concours général qui avait déjà disparu pendant la Révolution française et quelques années au début du XXème siècle, est menacé. Il est alors vu comme un concours aristocratique recrutant ses lauréats dans quelques lycées parisiens et de grandes villes de provinces, ce qui n’était pas faux.
Mais il y a une autre menace, sous forme de miroir inversé à cette critique sociale, formulé par le très réactionnaire Michel Droit dans l’une de ses chroniques au sujet du concours général de 1970…
Ce qui est extrêmement significatif, c'est que 23 prix n'aient pas été décernés pour insuffisance des candidats bien sûr. Il existe de toute évidence, depuis les événements de mai 1968, une extrême complicité entre un bon nombre de professeurs qui ont surtout pour objectif d'enseigner à leurs élèves la contestation sociale, l'action politique et l'art de ne rien faire en classe, et les élèves en questions qui pensent qu'il est meilleur de distribuer des tracts et de ne rien faire plutôt que d'étudier Tite-Live, Descartes et Pythagore.
Victime de la baisse du niveau général ou au contraire vestige d’un passé sans grand rapport avec la réalité, le concours général survit finalement aux années 1970 en se modernisant en s’ouvrant à de nouvelles disciplines, des lycées technologiques depuis 1981 et des lycées professionnels depuis 2005 donnant aujourd’hui au concours général une image bien différente de celle des années 1960.
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