Libération d'otages : des flots de larmes et de questions
Joie
Le 4 mai 1988, à quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, le Premier ministre Jacques Chirac est en meeting à Strasbourg. Tout à coup, il interrompt son discours pour recevoir des mains de Philippe Séguin une petite note porteuse d'une excellente nouvelle.
Nouvelle qu'il s'empresse de partager avec ses partisans :
"Je viens d'être informé à l'instant que les trois otages français du Liban viennent d'être remis entre les mains du représentants du ministre de l'Intérieur ."
Dans la salle, c'est l'explosion de joie. "On a gagné ! On a gagné !" scandent les militants. Mais de quelle victoire parlent-ils...?
Otages au Liban pendant plus de mille jours, Jean-Paul Kauffman, Marcel Carton, et Marcel Fontaine sont accueillis le lendemain par Danielle Mitterrand et Jacques Chirac sur le tarmac de l'aéroport de Villacoublay. Le Président François Mitterrand, lui, ne rencontre les trois hommes qu'une fois leur transfert à l'Hôpital militaire du Val de Grâce effectué.
C'est donc à Jacques Chirac qu'il appartient de dire quelques mots. Dans une courte déclaration, il évoque les rôles joués par le président syrien, et surtout par l'Iran, pays qu'il remercie très chaleureusement, tout comme François Hollande a remercié hier le Niger et le Mali pour leur participation à la libération de Serge Lazarevic.
Questions
Mais hier comme aujourd'hui, à la joie de la libération succède les questions sur les possibles rançons et autres contreparties. Et il ne faut pas oublier que dans le contexte électoral de 1988, cela semble apporter à Jacques Chirac un coup de pouce que certains voient comme décisif.
Si la classe politique semble dans son écrasante majorité saluer sans détour la libération des otages, deux voix sont discordantes, et pas des moindres. Celle de Lionel Jospin, Premier secrétaire du PS, et celle de Jean-Marie Le Pen, président du Front national. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'y vont pas par quatre chemins, le premier y voyant un coup politique bien utile à quatre jours du second tour de la Présidentielle, et le second déplorant une humiliation pour la France.
Réponse et doutes
Charles Pasqua, le ministre de l'Intérieur est l'homme de cette libération. Il nie avec force toutes rançons, ce qui est toujours le cas dans ces situations. Interrogé à la télévision, François Mitterrand renchérit :
"Non, on n'est pas obligé de faire des concessions !"
Pourtant, dans une note de la DST rendue publique en 2002, de forts soupçons de rançons, et même de rétro-commissions au profit de Charles Pasqua et de son représentant durant toute l'opération, Jean-Charles Marchiani. En 2009, l'affaire se solde par un non-lieu.
Alors à l'heure où la France se félicite de la libération de Serge Lazarevic, hier comme aujourd'hui, l'émotion passée les questions se posent. Une rançon? Des libérations de prisonniers?...
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