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Le drapeau français, confisqué par le Front national ?

Dès sa création, le Front national revendique haut et fort son attachement au drapeau tricolore. Et comme les autres partis s'en détournent...
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour en janvier 1973. La première chaîne de télévision diffuse un long reportage consacré à Jean-Marie Le Pen. Et après avoir évoqué ses racines bretonnes, il aborde une question essentielle pour lui: 

"Le drapeau français, c'est l'image de la France. C'est l'image de la patrie. C'est le résumé du sol, du peuple français. C'est aussi le symbole de la liberté. C'est en un mot comme le visage d'une mère. Pour moi en tout cas, c'est le plus beau du monde."

Le Front national n’a qu’un an, mais déjà son symbole, une flamme, empruntée aux fascistes italiens et les trois couleurs bleu-blanc-rouge.

Dans une France traumatisée par les deux guerres mondiales, par Vichy qui a utilisé le drapeau tricolore, par l'OAS, le Front national s’approprie pleinement et sans guère de concurrence le drapeau tricolore. Bientôt viendront les fêtes bleu-blanc-rouge, dont la première date de 1981 en réaction à l’arrivée de la gauche au pouvoir.

L’un des premiers à s’émouvoir de cette captation du drapeau par le Front national, c’est Bernard Tapie, l’ennemi numéro un de Le Pen qu’il vient d’affronter à la télévision. Le député des bouches du Rhône est l’Invité de L’Heure de Vérité en 1990 : 

"On peut plus laisser le drapeau français, le symbole du patriotisme à Le Pen. Sous prétexte qu'être nationaliste, c'est plus d'actualité, c'est ringard. Maintenant, on a l'impression qu'il n'y en a qu'un seul qui défend la France et ce drapeau et qui dit "J'aime ce pays"; y'a plus que lui, d'après ce que j'entends, qui a le droit le dire...

 

Tapie prêche dans le désert, mais l’on mesure à quel point son constat est aujourd’hui largement partagé.

Partagé notamment en 2007 par Ségolène Royal alors candidate socialiste à l’élection présidentielle. Nous sommes en mars, à Marseille, à un mois du premier tour. Ségolène Royal répond aux critiques: 

"Et je voyais certains s'étonner que nous puissions demander à toutes les familles d'avoir le drapeau français à leur domicile comme cela se fait dans beaucoup de pays européens. Mais c'est justement parce que nous refondons et que nous sommes fiers de notre identité nationale que nous pouvons être accueillants aux autres."

 

La gauche avait été choquée, et l’on avait même parlé à l’époque d’une "lepenisation" de la campagne présidentielle.

Montrant à quel point le drapeau était désormais associé à l’extrême droite.

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