La fin du latin en 6ème, un débat de 1968
Retour en 1968 et nous allons parler de latin, pas du quartier (latin), mais de la langue que certains aimeraient voir encore plus morte qu’elle ne l’est déjà…
"Les versions latines sont reportées aux classes suivantes..."
Dans sa grande réforme de l’enseignement secondaire que nous avons d’ailleurs déjà évoqué dans le cadre de cette chronique, le ministre Edgar Faure a pris la décision de supprimer l’enseignement du latin en classe de 6ème. C’est une rupture majeure, puisque depuis 1902, on trouvait dans un même lycée, en sixième et cinquième, deux sections : la section classique, avec apprentissage du latin, et la section moderne, sans latin. Au début des années 1960, 50% des lycéens font du latin en sixième, et 30% en première. Désormais avec la réforme, il n’y a plus qu’une initiation au latin et au grec en 5ème puis une option à partir de la 4ème. Edgar Faure justifie ainsi sa réforme :
"La 6ème charnière doit être assise sur les trois disciplines principales qui se suivront durant tout le tronc commun, c'est-à-dire le français, les mathématiques et la première langue vivante, dans l'esprit que ce soit une langue vraiment vivante"
On est clairement dans l’après mai 1968. L’enseignement du latin est perçu comme une entrave à la démocratisation de l’enseignement, un frein à l’ascension sociale, un facteur de rigidité sociale, sous-entendu que les élèves qui font du latin sont déjà les meilleurs et se retrouvent dans les meilleures classes. Un argument que l’on entendait déjà à la fin du XIXème siècle. Et un argument que l’on entend aussi aujourd’hui. Et hier comme aujourd’hui, la suppression du latin émeut certains. Si mai 68 a "tué" l’enseignement du latin, bien au contraire, pour la responsable de l'Association de défense du latin, mai 68 le rend nécessaire.Elle intervient en novembre 1968 :
"Depuis les événements du mois de mai, y'a une chose qui nous a choqués, c'est le désarroi au fond de cette jeunesse qui, devant le monde actuel, se sent presque en perdition... "
Entre défense du latin par les valeurs humanistes qu’il véhicule et remise en cause par les inégalités qu’il entretient, décidément le débat de 1968 résonne dans notre actualité de 2015
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