"L'Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises", Jean Monnet
Retour à la toute fin du mois d’août 1954. La construction européenne est lancée depuis 1951 et la naissance de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Tout va vite et bien, mais un brutal coup d’arrêt vient enrayer la mécanique…
Par les premiers jours ensoleillés d'un été tardif, s'ouvrait devant l'Assemblée le débat de la CED (Communauté Européenne de Défense). Ouvert par Jules Moch, le débat ne devait pas s'engager au fond. Par 319 voix contre 264, l'adoption de la question préalable entraînait le rejet de la CED.
Ce n’est pas uniquement l’armée européenne qui est enterrée, pour 45 ans, c’est aussi un projet d’Europe politique contenu dans le même traité. La mécanique fédéraliste s’arrête. La stratégie fonctionnaliste de Jean Monnet, c’est-à-dire une intégration secteur par secteur, a sûrement été trop ambitieuse. La marche était trop haute, passe encore pour le charbon et l’acier, mais c’était trop tôt pour passer à une intégration militaire et politique. Désavoué, Jean Monnet démissionne de ses fonctions à la tête de la CECA et agira désormais dans l’ombre.
Le projet européen : des débuts difficiles
A peine né, le projet européen connaît une très grave crise qui va jusqu’à mettre en péril son existence même. Quelques mois plus tard cependant, les Etats fondateurs se retrouvent à Messine, en Sicile, au domicile du ministre italien des affaires étrangères. L’enjeu de la conférence de Messine ? Relancer la construction européenne. C’est là que durant la nuit du 2 au 3 juin 1955, les six Ministres des Affaires étrangères posent le principe d’une grande relance économique. Et moins de deux ans plus tard, en mars 1957 :
A Rome, le palais du Capitole, dessiné par Michel-Ange et qui domine la ville éternelle, a été le cadre majestueux de la rencontre des Six, venus mettre le point final aux négociations instituant le marché commun et l'Euratom.
D’autres cycles coup-d’arrêt/relance rythmeront l’histoire de la construction européenne.
Dans ses mémoires, Jean Monnet écrit :
« L'Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises ».
L’occasion est aujourd'hui belle de vérifier cette maxime.
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