Il y a 25 ans, l'ex-MEDEF renonçait à s'attaquer aux jours fériés
A la fin des années 1980, le MEDEF s'appelait encore le CNPF et François Périgot en était le Président. En 1989, il s'exprime sur France Inter, dans l'émission Ecran Total et se montre extrêmement dur à l'égard des nombreux jours fériés qui émaillent le mois de mai.
Pourrait-on y voir un parallèle avec les propos de Pierre Gattaz qui ont mis le feu aux poudres hier ? Revenir sur deux jours fériés dans le but de relancer la compétitivité et l'emploi, n'est-ce pas en fin de compte une sorte de leitmotiv de l'organisation patronal ?
Les jours fériés, tabou ultime ?
Et bien en réalité, non. Car malgré ses critiques, François Périgot est très lucide quant au poids des traditions.
Les jours fériés en France sont alors intouchables et le resteront.
En effet, rares sont ceux ayant osé toucher aux jours fériés. Et lorsque cela a été tenté, cela a toujours été pour des motifs politiques, jamais pour restaurer la compétitivité des entreprises.
Et en outre, si en 2012 le Portugal renonce à quatre jours fériés dans le but de relancer la compétitivité, cela ne s'est jamais vu en France.
Plus de 8 mai férié sous Giscard
En effet, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les deux uniques jours fériés à avoir été pour un temps désacralisés sont le 8 mai et le lundi de Pentecôte. Et pour les deux, cela n'a jamais été pour des motifs économiques. En 1959 (le 8 mai n'est plus jour férié) puis en 1975 (les commémorations sont abandonnées), ce sont des raisons politiques qui sont invoquées, en particulier par Valéry Giscard d'Estaing.
De fait, c'est au nom de la réconciliation franco-allemande que l'ancien Président prend cette décision. Toutefois, cela mécontente au plus haut point les associations d'anciens combattants. Tant et si bien qu'à peine arrivé au pouvoir en mai 1981, François Mitterrand refait du 8 mai une journée de commémoration nationale. Et férié.
Le sort de la Pentecôte dépend des entreprises
Quid du lundi de Pentecôte ? Il a perdu son statut de jours fériés uniquement entre 2004 et 2008. En effet, à partir de cette date, on a préféré laisser aux entreprises le soin de décider du moment de la tenu de la journée de solidarité pour les financer l'autonomie des personnes âgées.
Ainsi, Pierre Gattaz, en défendant la suppression de jours fériés a lancé un véritable pavé dans la mare, comme si la situation économique du pays avait d'une certaine manière ouvert un débat resté tabou jusqu'à présent. Néanmoins, à entendre les réactions enflammés des syndicats et des politiques, gageons que ce dernier est loin d'être clos !
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