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Histoires d'info. Vous avez froid ? Relativisez, nous ne sommes pas en 1709

Paris, Marseille, Montbéliard... Aucune ville de France n'échappe mardi 17 janvier à la vague de froid qui touche la France mais on encore est bien loin des températures relevées pendant l'hiver 1709. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Château de Versailles sous la neige. Le 5 févriver 2012. (DST / MAXPPP)

C’est un hiver incroyable, l’un des plus durs de notre histoire, qui s’inscrit dans une vague de froid que les historiens ont qualifié de "Petit âge glaciaire" et qui s’étend sur six siècles, du début du XIVe à la fin du XIXe siècle.
Le 6 janvier 1709, les Français se réveillent avec un froid terrible venu du Nord. Il avait déjà fait froid en octobre précèdent, mais là c’est un air glacial qui s’abat,et pas celui qu’on nous décrit aujourd’hui ! Et ce qui frappe les contemporains c’est la brutalité de l’arrivée du froid. On perd 20 °C en quelques heures. Une brutalité qu’on a d’ailleurs connue entre le 31 décembre 1978 et le 1er janvier 1979.

Des effets immédiatement dramatiques

On a beaucoup de témoignages, certains nous font plutôt sourire tels ceux qui évoquent le vin qui gèle à la cour de Versailles ou cette courtisane qui écrit un lettre très courte parce qu’elle craint que l’encre ne gèle. On peut lire, par exemple, sous la plume de Madame de Maintenon qui écrit ainsi à la courtisane Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins le 10 février 1709 : "Nous mangeons tous des œufs ce Carême parce que la rigueur de l’hiver a perdu tous les légumes. Que ferez-vous, madame, sans épinards ?"

De nombreux témoignages de l’époque insistent sur le caractère dramatique de l’épisode de froid qui s’est d’ailleurs abattu sur une bonne partie de l’Europe. Beaucoup pointent sur l’impact sur la nature. On est sidéré par cette vague de froid qui s’installe durablement. Songez qu’il fera –18 °C à Bordeaux pendant deux mois entiers. Il fera jusqu’à – 23 °C à Paris, sûrement – 30 °C dans les campagnes. "On trouvait dans les campagnes les lièvres, les lapins, les perdreaux morts" écrit à l'époque un curé de Charente qui ajoute : "nos noyers et autres arbres de tous les grands bois ont été gelés et gèlent encore de telle sorte qu’ils n’en restent point."

Pire encore, tout ce qu’on a semé à l’automne (et notamment bien sûr le blé) est détruit, le sol est gelé en profondeur, à tel point d’ailleurs qu’on ne peut plus enterrer les morts qui s’amoncellent dans les champs et les rues.

Les plus pauvres et les plus faibles meurent 

Les enfants, les vieillards, les mendiants. Pour le bilan précis c’est très difficile, mais on considère qu’il y avait le 1er janvier 1711, 810 000 habitants de moins que le 1er janvier 1709. Sur une population totale de 22 millions d’habitants, c’est tout de même un bilan très lourd. Des gens tués par le froid, les maladies (véhiculées par les mendiants squelettiques qui arrivent des campagnes), et la famine bien sûr. Le prix du pain s’envole, notamment parce que toutes les rivières de France sont prises dans les glaces et que les moulins ne peuvent plus tourner pour approvisionner les boulangers en farine. Le prix du blé est multiplié par six dans le Nord. 

Le 20 août 1709, parce que les distributions de pains ne suffisent pas, des boulangeries sont pillées, l’ambiance est insurrectionnelle. 10 000 personnes se révoltent à Paris. Mais cette crise n’aura pas de conséquences à long terme. Contrairement au grand hiver suivant, celui de 1788-1789 qui est l’une des causes de la Révolution française…

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