Histoires d'info. Les leçons de l'ouragan Luis qui avait dévasté Saint-Martin en 1995
Il y a 22 ans, jour pour jour, l’île de Saint-Martin était touchée par l’ouragan Luis. Les leçons de cette catastrophe n'ont pas été totalement tirées.
En 1995, l’île de Saint-Martin était victime d’un ouragan. Certes, il était moins puissant qu’Irma mais ce phénomène météorologique, Luis, avait quand même dévasté la moitié de l’île et presque la totalité de Grand Case. Il n'y avait eu de décès à déplorer, mais les dégâts matériels avaient été gigantesques. Des familles avaient tout perdu.
L’ouragan Luis permet de mieux comprendre Irma, sa grande sœur bien plus puissante, qui a ravagé mercredi 6 septembre le nord des Antilles. En géographie, on distingue l’aléa du risque. L’aléa, c’est l’événement naturel, ici un ouragan, et il ne devient un risque qu'en présence d'enjeux humains, économiques et environnementaux. Ce qui est très intéressant dans le cas de Saint-Martin, en 1995 comme aujourd’hui, c’est que les risques sont très forts parce que l’île est très vulnérable. En somme aléa + vulnérabilité = risque. Et plus les deux premiers sont puissants, plus le troisième l’est.
Une vulnérabilité mise au grand jour en 1995
Il y a d’abord la géographie. Saint-Martin est une île montagneuse, donc les hommes et les activités sont concentrés sur les basses terres, plus exposés aux aléas.
Ensuite l’histoire. L'île est divisée en deux depuis 1648. Les deux parties, hollandaise et française, ont peu de relations, pourtant nécessaires en matière de prévention des risques.
Enfin, la politique et l’économie. Une île sous-administrée, à 7 000 km de Paris et à 250 km de la Guadeloupe, une île où hier comme aujourd’hui, on applique modérément les règlementations notamment concernant les risques, où l’on construit notamment dans des zones très à risques, tout proche du littoral, au détriment souvent de la loi Littoral. Il faut dire que l’État n’est pas irresponsable. La loi de défiscalisation de 1986, dite loi Pons, ayant entraîné un boum du tourisme et un afflux de migrants très pauvres se massant dans des bidonvilles. Ce sont les premières victimes en 1995.
Mêmes constats qu’en 1995 ?
Après cette catastrophe, un poste d'état-major de la Zone Antilles et quatre postes d'officiers ont été créés pour coordonner les opérations de secours. On a aussi reconstruit des habitations en dur pour éviter les bidonvilles, mais on aurait dû éviter de les mettre à proximité de la mer. Pourtant, on l’a fait, profitant d’ailleurs de nouvelles défiscalisations de 2003, notamment pour la rénovation des hôtels. Si l’heure est à la compassion et bientôt à la reconstruction, le débat sur la vulnérabilité de Saint-Martin ne devrait pas tarder à émerger du paysage dévasté.
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