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Histoires d'info. Paradis fiscaux : de l'histoire (trop) ancienne

Les paradis fiscaux sont des pratiques très anciennes. Dans les années 1930, on note leur premier développement dans les Caraïbes.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une rue de la capitale Douglas de l'île de Man. (JACK GUEZ / AFP)

L’évasion fiscale est une pratique aussi ancienne que les taxes elles-mêmes, ce qui n’a rien de profondément étonnant. Déjà dans l’Athènes démocratique, les riches s’accusaient mutuellement de se soustraire à l’eisphora, l’impôt exceptionnel payé par les plus fortunés, comme signe d’un manque de civisme, ce que l’on peut aussi reprocher aux entreprises et aux particuliers visés dans les "Paradise Papers".

S’il y a des traces dès le XVIIe siècle, il faut attendre la crise des années 1930 pour noter le premier développement réel de ce que l'on appellera plus tard les paradis fiscaux, en particulier dans les Caraïbes, quand les fraudeurs fiscaux s’installent aux Bahamas ou à Panama pour échapper aux forts taux d’imposition fixés par Roosevelt sur les riches et les entreprises.

L'évasion fiscale s'accentue dans les années 60

La deuxième étape de leur développement se situe pendant les 30 Glorieuses, dans les années 1960, lorsque, dans un contexte de concurrence de plus en plus internationale, les entreprises voient leurs bénéfices se tasser en raison d’une baisse de la productivité mais pas des salaires. C’est la crise du fordisme et les entreprises cherchent des moyens de se soustraire aux taxations. En somme, une réponse à la crise du capitalisme.

Le phénomène des paradis fiscaux prend de l’ampleur. Un journaliste économique leur consacre même un livre dès 1968. Ses propos pourraient être entendus aujourd’hui sur l’antenne de franceinfo. Alain Vernet, à l'époque directeur du service "finance et bourse" au journal Les Echos, a en effet passé 15 ans de sa vie à enquêter sur ces paradis fiscaux. Des paradis "un peu partout, épars, au bord des continents, dans les pays petits et oubliés, explique-t-il à l'époque. L'évasion fiscale est fort pénible aux Etats qui en sont victimes. Cela consiste à utiliser les lois des autres, la légalité d'autrui."

Le cas de l'île de Man, en Europe

Rien d’illégal en effet. Et précisément, à ce moment-là, un paradis fiscal dont on parle beaucoup ces jours-ci nait en Europe. Un sujet lui est consacré en 1987 sur FR3. La présentatrice plante le décors : "Promenade sur cette île de 60 000 habitants sur 500 kilomètres carrés. Paradis de la finance, son statut fiscal incite largement les hauts revenus et les entreprises financières à s'installer sur ses terres." Cette île vous l’avez reconnue, c’est l’île de Man, coincée entre l’Irlande et la Grande-Bretagne, qui avait trouvé dans le paradis fiscal un avenir après l’effondrement du tourisme dans les années 1960.

L’île de Man abriterait depuis le IXe siècle et sans discontinuer le plus vieux Parlement du monde, le Tynwald. Ironique pour une île aujourd’hui pointée du doigt pour être l’un des symboles du contournement des lois et de la dilution des Etats.

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