Histoires d'Info. Macron - Le Pen : qui est le plus patriote ?
À deux semaines du choix du futur Président de la république, les attaques commencent à fuser entre les deux prétendants. Thomas Snégaroff s'est penché sur un mot : patriote.
Dimanche 23 avril, Emmanuel Macron a exprimé le souhait d'être "le président des patriotes face à la menace des nationalistes". Il a tenté ainsi de sortir du piège de Marine Le Pen qui le décrit comme un mondialiste anti-patriotique. Retour sur cet enjeu du second tour de l'élection présidentielle.
Être le patriote est un enjeu primordial tant la notion de patriotisme renvoie à des valeurs positives, à un amour de la France, un pays et une culture à défendre face à des dangers extérieurs. Et cette lutte pour le label patriotique, on la retrouvait déjà pendant la Seconde Guerre mondiale. "Tous les hommes clairvoyants des deux peuples sont dans leur rôle, dans leur rôle de patriote", expliquait, à l'époque, le général de Gaulle au sujet de l’alliance avec l’Angleterre.
Dans les actualités de Vichy, on raconte alors : "Les Juifs, encouragés par leurs frères de la radio gaulliste, sèment tous les bobards qui peuvent décourager les patriotes, déshonorer leur chef. Les bolchévistes frappent les patriotes dans le dos en attendant, victorieux, de déporter les élites, d'effacer notre civilisation chrétienne, d'exproprier paysans, commerçants, artisans et de procéder à des exécutions massives." On voit ainsi que le patriotisme est une notion que l'on tord dans tous les sens.
Macron et Le Pen exaltent des patriotismes bien différents
S’opposent le patriotisme qui se veut "ouvert" d’Emmanuel Macron à un patriotisme "fermé" de Marine Le Pen. D’où la tentative de Macron de dépeindre son adversaire comme nationaliste et d’incarner ce mot de Romain Gary, souvent faussement attribué au Général de Gaulle : "Le patriotisme, c’est d’abord l’amour des siens ; le nationalisme, c’est d’abord la haine des autres." Mais la référence est aussi mitterrandienne. Nous sommes en janvier 1995 et, au Parlement européen à Strasbourg, François Mitterrand y délivre son testament européen : "Il faut vaincre ses préjugés. Ce que je vous demande là est presque impossible, car il faut vaincre notre histoire et pourtant si on ne la vainc pas, il faut savoir qu'une règle s'imposera, mesdames et messieurs : le nationalisme, c'est la guerre."
Le terme nationaliste est devenu véritablement radioactif. Il définit une politique d’exclusion, agressive. On en oublierait même qu’avant la guerre franco-prussienne de 1870, le terme "nationalisme" était confisqué par la gauche, mais son sens était bien différent. Le nationalisme était généreux, émancipateur, et qui donnait le pouvoir au peuple. Au fond, ce que Macron et Le Pen attribuent aujourd’hui au patriotisme qu’ils prétendent incarner.
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