Histoires d'info. Les États-Unis face au miroir de la guerre du Vietnam
Les traces de la guerre du Vietnam sont encore visibles dans la société et la psyché des États-Unis. L'œuvre de Ken Burns, diffusée sur Arte à partir de mardi, plonge le spectateur dans cette guerre qui a traumatisé ce pays.
L'oeuvre monumentale de Ken Burns, diffusée sur Arte à partir de mardi 19 septembre à 20h55, plonge le téléspectateur dans une guerre qui a profondément traumatisé les États-Unis. Ses traces sont encore visibles dans la société et la psyché de la nation.
Avec 51 000 morts, 270 000 blessés et des centaines de milliers de traumatisés, les jeunes Américains ont payé un lourd tribut pour une guerre qu’ils ont finalement perdue. Cette guerre a laissé des traces considérables et longtemps tues. Les documentaires de Ken Burns (qui ne sont pas sans rappeler le travail de Patrick Rotman sur la guerre d’Algérie), plus de 40 ans après la fin de la guerre du Vietnam, constituent une plongée fascinante et salutaire dans la psyché d’une nation qui ne s’est jamais remise du conflit. Un traumatisme imprimé sur la pellicule par Michael Cimino dans Voyage au bout de l’enfer, en 1978.
Une dévirilisation de la société
La nation qui prétendument défend les libertés se retrouvait face à un peuple qui luttait pour les siennes. L’Amérique se donnait les traits d’un empire qui pensait pouvoir imposer sa force et sa puissance technologique. En ce sens, la guerre du Vietnam a marqué La fin de l’innocence, selon le titre d'un livre de Denise Artaud.
Aussi profondément peut-être, la défaite a interrogé la dimension virile de la puissance américaine. Cet échec militaire a ouvert une intense remise en question de la figure de l’homme (blanc) capable d’imposer, par la force, sa volonté. Comme l’écrit le sociologue James W. Gibson, la défaite au Vietnam marque la fin de "l’archétype de la régénération de l’Amérique par la violence". L’élection de Jimmy Carter en 1976 traduit parfaitement ce nouvel horizon d’attente d’une société américaine, qui a temporairement perdu l’illusion d’un président viril et infaillible.
La période qui suit la guerre se traduit par une dévirilisation de la société américaine, une interrogation très profonde sur la place de l’homme et du père dans l’ordre américain des choses. Et le cinéma s’en fait l’écho. Star Wars et la quête du père est le pur produit de ce moment. C’est la fin temporaire des héros tout puissants et qui ne doutent pas mais aussi le début de ce que le critique Peter Biskind appelle Le Nouvel Hollywood, titre de son ouvrage. Il s'agit d'un cinéma plus complexe, plus adulte, moins manichéen, qui ne s’achève pas nécessairement par un happy end.
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