Histoires d'info. Le projet de Notre-Dame-des-Landes finira-t-il comme celui de la centrale nucléaire de Plogoff ?
On voit bien dans quelles difficultés ce chantier de Notre-Dame-des-Landes a mis plusieurs gouvernements successifs. Mais un cas similaire s'est produit au début des années 80 : l'abandon du projet de la centrale nucléaire de Plogoff dans le Finistère.
L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes se fera-t-il ou ne se fera-t-il pas ? On le saura d'ici la fin janvier mais l'abandon d'un autre projet de même ampleur s'est déjà produit.
On est à la fin du mois de mai 1981, François Mitterrand a été élu au début du mois et il tient l’une de ses promesses de campagne, faite lors d’un meeting à Brest le 9 avril. "Plogoff, c'est fini, disait Jean-Luc Hess sur France Inter. Le projet de centrale nucléaire sera abandonné. Le ministre de la Mer, Louis Le Pensec l'a confirmé hier", poursuivait-il.
Le journaliste précise encore: "Le candidat Mitterrand avait été très net : 'Plogoff ne figure pas et ne figurera pas dans mon plan nucléaire', avait-il dit, 'je terminerai les centrales en construction mais je ne mettrai pas en oeuvre celles qui ne le sont pas.' On attend maintenant l'annulation du décret d'utilité publique signé lorsque le projet avait été lancé."
Le tout nucléaire à la mode dans les années 70
Ce projet Plogoff avait été lancé au milieu des années 1970 en plein choc pétrolier à un moment où l’on considérait qu’il fallait amplifier le choix français de l’énergie nucléaire comme gage d’indépendance nationale. Un projet qui visait aussi à désenclaver l’Ouest de la France, ce qui n’est pas absent non plus des préoccupations à l’origine du projet de NDDL Il est officiellement lancé en 1978 et rencontre très vite des obstacles.
Un vif mouvement d'opposition citoyenne
Le projet nucléaire rencontre immédiatement l’opposition de la population de la ville de Plogoff et notamment de ses femmes et d’une bonne partie de la Bretagne qui refusait de voir un site naturel exceptionnel, situé aux portes de la Pointe-du-Raz, dans la baie d'Audierne, dénaturé par la centrale nucléaire.
Le mouvement d’opposition est puissant. Plus de 100 000 personnes manifestent en mai 1980 et doivent faire face à une réponse violente de la part des CRS. Une radio pirate et locale, Radio Plogoff, est lancée pour mobiliser les adversaires de la Centrale, et le groupe Tri Yann sort en 1981, une chanson qui devient l’hymne de la lutte : Kan Ar Kann, (Le chant du combat).
L’annonce de l’abandon de Plogoff, le premier abandon d’un grand projet d’intérêt national, se fait dans une certaine confusion.
Le ministre de la Mer, Louis Le Pensec l’annonce, Michel Crépeau, ministre de l’Environnement est heureux, mais Pierre Joxe, le ministre de l’Industrie ne parle que de suspension. Pendant plusieurs jours, une grande confusion va régner, signe des tensions qui traversent le gouvernement et c’est bien l’un des enjeux de l’enterrement de NDDL qui se profile : qu’il apparaisse comme une décision unanime du gouvernement Philippe.
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