Histoires d'info. La barbe a déjà été considérée comme un signe ostentatoire religieux il y a 15 ans, près de Paris
Un cas similaire à celui des quatre salariés de Securitas à l'aéroport d'Orly s'est déjà produit. C'était en 2004 à Villemomble, en Seine-Saint-Denis. Là aussi, c'est la barbe qui avait posé problème.
C’est une affaire qui remonte au mois de mars 2004. Le mois même du vote interdisant les signes ostentatoires à l’école et notamment évidemment le voile. Elle nous conduit à Villemomble, en Seine-Saint-Denis et il y est déjà question de barbe, d’islam et d’emploi. Un journaliste raconte à l'époque : "Mourad Lamsanes était aujourd'hui devant le tribunal administratif pour tenter d'obtenir sa réintégration. Depuis deux ans, Mourad est agent d'entretien stagiaire à la piscine municipale de Villemomble". Le journaliste poursuit : "A la veille de sa titularisation, la direction de la piscine lui a demandé de raser sa barbe, mais le jeune stagiaire a refusé de se plier à l'injonction, invoquant des raisons religieuses."
La ville invoque d’abord des questions de sécurité
Sécurité du salarié à la barbe fournie, puisque son masque n’est plus étanche en raison de cette barbe lorsqu’il manipule du chlore. Mais en réalité, la mairie UMP de la ville ne se contente pas d’un argument sécuritaire. Dans un courrier adressé au salarié, signé du maire Patrice Calméjane, on pouvait lire : "L'expression extérieure d'une conviction religieuse ne peut être tolérée dans une piscine municipale ouverte à tout public au sein de laquelle sont dispensés des cours de natation aux élèves d'établissements scolaires publics et privés confessionnels." Interrogé à l’époque au téléphone par le journal Libération, le maire enfonce le clou : "Est-ce que le prosélytisme n'est pas un problème réel dans notre société, oui ou non ?"
Le juge a débouté le salarié
Le juge a fondé sa décision sur le caractère religieux et mettant de côté la question du masque de protection du chlore. La loi précise que dans le secteur public, tout agent a un devoir de stricte neutralité : il lui est interdit de manifester ses convictions religieuses, quelle que soit la fonction exercée. Le juge a donc considéré que la barbe était un signe ostentatoire. C’est l’un des enjeux des cas qui nous intéressent aujourd’hui.
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