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Histoires d'Info. Et soudain, "L'Heure de Vérité" débarqua...

Alors que la saison des émissions politiques se lance, retour sur l'emission qui a tout inventé, tout changé et qui reste encore une référence incontournable. Y compris dans ses dérives. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
François-Henri de Virieu et Boutros-Boutros Ghali (secrétaire général des Nations Uniesà à l'émission "L'heure de vérité) (JOHN VAN HASSELT - CORBIS / SYGMA)

Et il y est question de sacralisation et de désacralisation. Désacralisation d’abord, de l’homme politique et de la parole politique dans un véritable spectacle où pour exister, face à plusieurs journalistes qui ne s'en laissent pas compter, l’invité politique doit en faire des tonnes.  François-Henri de Virieu, le créateur et présentateur de l’Heure de Vérité le reconnaît aisément, ici sur le plateau d’Apostrophe en 1990 face à Bernard Pivot: 

 

François-Henri de Virieu :  "Les perdants, c’est les gens sérieux qui veulent préparer l’avenir, ont une culture de réflexion, qui sont un peu secrets, repliés sur eux-mêmes, qui voient le long terme. Ceux-là, ils ne font plus leur trou aujourd’hui. "

Bernard Pivot :  "Invitez-les à “L’Heure de vérité” ! ",

François-Henri de Virieu : "Oui, mais ils ne crèveront pas l’écran…" 

Et parmi ceux qui crèvent l’écran, évidemment Jean-Marie Le Pen qui est invité pour la première fois le 13 février 1984, une émission marquée notamment par ce coup d’éclat :

 

"Les silences sont souvent plus pesants que les discours, je me lève à mon tour pour tenir une minute de silence ou quelques instants de silence au moins en mémoire dce tous ceux qui sont tombés, des dizaines de millions d'hommes tombés dans le monde sous la dictature communiste et avoir une pensée fraternelle à l'égard d'hommes qui sont dans les camps et au goulag..."

 

A l'époque, L’Heure de Vérité sera souvent accusée d’avoir été l’instrument de la montée en puissant du FN.Et puis cette désacralisation passe aussi par l’usage en temps réel, et bien avant twitter, de l’opinion publique. Il y a bien sûr les questions des téléspectateurs et il y a une innovation introduite dans l’émission en octobre 1985, les sondages en direct. Henri de Virieu les explique: 

 

"Pourquoi nous faisons ces sondages instantanés ? Pour deux raisons. D'abord nous voulons donner un nouveau rôle aux telespectateurs qui ne seront plus seulement qui écoutent passivement mais ceux qui désormais, grâce au progrès technique pourront apporter des réponses. La deuxième raison, c'est que nous avons dans l'idée que nous pouvons inciter les hommes politiques à lancer des idées nouvelles puisqu'ils auront désormais la possibilité de les tester en direct auprès des citoyens. "

 

Avec le temps, L’Heure de Vérité devient une émission sacralisée , un temple dans lequel l’homme politique, désacralisé lui, pénètre respectueusement en marchant et ressort non sans avoir signé le livre d’or, une règle établie en 1986. Et que dire de cette musique "Live and Let Die" de McCarthney. C’est l’homme politique qui entre dans l’émission et non l’inverse, avec l’homme politique en majesté, comme c’était la règle jusqu'alors.C’est d’ailleurs sûrement pourquoi le président François Mitterrand n’acceptera de venir en 1983 dans le studio qu’à condition qu’il n’y ait ni public ni musique et 10 ans plus tard, c’est dans la Bibliothèque de l’Elysée qu’il recevra l’émission.

 


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