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Histoires d'info. Et le Front national devint gaulliste

La réference appuyée au général de Gaulle par Marine Le Pen dans son discours, dimanche à Lyon, a de quoi surprendre qui connaît l'histoire du parti crée en 1972 par son père.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, présidente du Front national, lors d'un meeting à Lyon, le 5 février 2017. (JEFF PACHOUD / AFP)

Marine Le Pen a cité le général de Gaulle dans son discours, dimanche 5 février en meeting à Lyon : "Face au grand péril, le salut n'est que dans la grandeur, écrivait le général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre. Il n'y a rien pour nous de plus beau que la France, Il n'y a rien pour nous de plus grand que la France, Il n'y a rien pour nous de plus utile au monde que la France."

Cette référence au général de Gaulle ne surprend plus grand monde et pourtant, elle ne va pas de soi au regard de l’histoire du Front national. Exemple : Jean-Marie Le Pen en 1973. Le parti qu’il a créé n’a alors que quelques mois d’existence.

Un journaliste : "Qu'est-ce que vous préferez, Liberté, Egalité, Fraternité ou Travail, Famille, Patrie ?"

Jean-Marie Le Pen : "J'aurais tendance à faire comme les enfants à qui on demande s'ils veulent le chocolat ou le sucre : je voudrais les deux. (...) Tout le monde sait que je ne suis pas gaulliste. Mais de la même manière que Truman Roosevelt, Hitler sont des personnages de l'histoire, le général de Gaulle est un personnage de l'histoire et un grand personnage de l'histoire parlée, parce qu'il a beaucoup parlé comme chacun sait..."

Un anti-gaullisme originel

Jean-Marie Le Pen a deux raisons pour ne pas se sentir gaulliste. Pour le fondateur du Front national, le général de Gaulle est à la fois l’homme de l’Appel du 18 juin et celui qui a ouvert la voie à l’Indépendance de l’Algérie. Pour autant, ce discours va changer, et ce même bien avant l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du Front national.

Au moment des élections européennes de 1989, qui doivent se tenir le 18 juin, intelligemment, Jean-Marie Le Pen exploite les contradictions des gaullistes : "Il est singulier de voir que le RPR qui se refère aux idées du général de Gaulle va profiter de la date du 18 juin pour le trahir, rallié qu'il est aux thèses les plus mondialistes, les moins nationales qui soient, dans le débat politique d'aujourd'hui."

Ce n’est pas vraiment une déclaration d’amour au général de Gaulle. Il faudra attendre quelques années pour que le grand Charles entre pleinement dans le panthéon du Front national. Il faudra attendre que Marine Le Pen prenne les rênes du parti. 1er mai 2011, son premier discours en tant que présidente du FN : "Je m'inspire de ceux qui ont osé, ces grands destins républicains, de Victor Schoelcher à Charles de Gaulle."

L’influence de Florian Philippot, grand admirateur du général de Gaulle, est évidente. Et permet de mesurer l’évolution dogmatique du parti d’extrême droite.

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