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Histoires d'Info. Deux "gauches irréconciliables" lors de l'élection présidentielle de 1969

Manuel Valls a annoncé mercredi matin qu'il votera Emmanuel Macron. Cela ne sera pas la première fois que la gauche abordera le premier tour divisée. Retour sur le cas de l'élection de 1969, entre SFIO et PSU.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Gaston Defferre (à gauche) et Pierre Mendes France lors d'une conférence de presse, le 27 mai 1969. (STAFF / AFP)

Un ancien Premier ministre qui ne soutient pas le vainqueur de la primaire du PS. À quelques semaines du premier tour de la présidentielle, le choix de Manuel Valls de rallier Emmanuel Macron et non Benoît Hamon suscite moult réactions. Mais ce n'est pas la première fois que la gauche abordera le premier tour divisée. Retour sur le cas de l'élection de 1969, entre SFIO et PSU.

1969. Nous sommes à un mois du premier tour de l’élection présidentielle. Cette élection a été organisée en toute hâte après la démission du Général de Gaulle trois jours plus tôt. Pour les gaullistes, peu de doute sur leur candidat : l’ancien Premier ministre du général, Georges Pompidou, est soutenu par les parlementaires et a déjà annoncé sa candidature.

En revanche, les socialistes sont pris de court et sont surtout déjà divisés depuis quelques années. La vieille SFIO, le nom du parti socialiste d’alors, a été concurrencée à sa gauche par le Parti socialiste unifié (PSU) créé par Michel Rocard en 1960. Des socialistes hostiles à la guerre d’Algérie et favorables à une VIe république. Rocard ne se fait guère d’illusions sur l’unité des socialistes pour cette présidentielle : "Je ne suis pas encore un candidat de gauche à la présidence de la République. Il a simplement été confirmé que dimanche prochain nous lui soumettrons la proposition de ma candidature et cette décision est prise dans la situation actuelle, c'est-à-dire dans l'état de ce que nous connaissons : l'impossiblité de discuter avec l'ensemble des forces de gauche et l'impossibilité de faire définir une candidature qui réponde aux aspirations que la plupart des Français ressentent quant à leur avenir."

Idéologiquement, le PSU n’accepte pas le centrisme affiché par le ticket Defferre / Mendès France. Mendès France qui a quitté le PSU quelques temps plus tôt en se ralliant à la SFIO. Il ne supportait plus le "gauchisme" du PSU. Nous ne parlons pas de l’actualité des socialistes, nous sommes bien en 1969 ! Il y aura donc une candidature Rocard et une candidature Defferre.

Des résultats éloquants

Au premier tour, Gaston Defferre et Michel Rocard réalisent des scores très modestes : 5,06% pour le premier, 3,65% pour le second. Très loin derrière Georges Pompidou qui recueille 44,14% et Alain Poher dont le score atteint 23,38%.

La présidentielle de 1969, c’est le plus mauvais score des socialistes sous la Ve République qui même unifiés n’auraient pas atteint le second tour. Reste qu’à l’époque, pour tous les socialistes, la chose est entendue : la division produira les défaites de demain. Conséquence, dans les années 70 et 80, beaucoup d'efforts sont fait pour l'unité. Des efforts qui paraissent largement annihilés aujourd’hui. Et très paradoxalement, après une primaire censée unifier les socialistes et leurs alliés.

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