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Histoires d'info. De Saint-Louis à Macron, la longue histoire d'amour de la France et des maronites du Liban

Saad Hariri, le Premier ministre démissionnaire du Liban, doit arriver prochainement en France. Le Liban occupe une place particulière dans le cœur de la France, et une communauté en particulier : celles des chrétiens maronites.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration de Saint Louis et la sepitième croisade. (STEFANO BIANCHETTI / CORBIS HISTORICAL (GettyImages))

Emmanuel Macron qui s’investit personnellement et qui invite Saad Hariri au nom de la France, voilà qui nous rappelle à quel point, le Liban occupe une place particulière pour notre pays. Une relation très ancienne.

Il est toujours difficile en histoire de dater précisément le début d’un phénomène. Alors ne boudons pas notre plaisir d’en avoir une ici, le 24 mai 1250. Mais pour bien comprendre cette date, il faut revenir deux ans plus tôt : en 1248, en route vers la Terre Sainte pour une nouvelle croisade, Louis IX fait escale à Chypre. Là, il est accueilli triomphalement et en sauveur par les maronites, ces chrétiens alors en exil, chassés par les musulmans. Impressionné par cet accueil, deux ans plus tard, Louis IX donne une charte aux maronites, le 24 mai 1250 : "Nous sommes persuadés que cette nation est une partie de la nation française; car son amitié pour les Français ressemble à l'amitié que les Français se portent entre eux. (…) Pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner, à vous et à tout votre peuple, notre protection spéciale, comme nous la donnons aux Français eux-mêmes." Comme en écho, Jacques Chirac ,en 1996, dira à Beyrouth : "Il n'est pas facile dans mon cœur de distinguer les Libanais et les Français." 

Un lien qui passe les siècles

Durant les siècles suivants la charte de Saint-Louis donnée aux maronites, à Saint-Jean-d’Acre, le 24 mai 1250, la mainmise ottomane ne va pas altérer l’attachement de la France aux communautés chrétiennes d’Orient, même si les bonnes relations entre la monarchie française, notamment sous François Ier, et les sultans ottomans s’expliquent moins par le désir de protection des chrétiens, que par la volonté de disposer d’avantages commerciaux et de concurrencer la maison d’Autriche.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la lente agonie de l’empire ottoman offre un espace à la France qui se fait à nouveau très présente aux côtés de communautés chrétiennes d’Orient. En 18455, les maronites hissent le drapeau français sur leurs collines. En 1860, Napoléon III envoie même en un corps expéditionnaires au Liban pour protéger les maronites, renforçant la relation particulière qui unisse les deux peuples.

Et quand en 1916, Anglais et Français se partagent secrètement le Moyen Orient avec les fameux accords Sykes-Picot, la seule zone, dite bleue, que la France souhaite administrer directement, c’est le Liban. Et lorsqu’au lendemain de la guerre, lors du traité de Sèvres en 1921, la France se voit confié par la SDN le mandat sur la Syrie, mandat en attendant l’indépendance, Paris insiste pour que le Liban, patrie des maronites, soit autonome au sein de ce mandat, pour qu’il accède seul à l’indépendance, et non au sein de la Syrie. Une indépendance fragile obtenue en 1943, à l’ombre de la grande Syrie, avec toujours ce regard des maronites vers ce qu’ils appellent leur "tendre-mère", la France.





        

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