Histoires d'Info. 1961 : Le difficile retour sur Terre de Youri Gagarine
Thomas Pesquet revient sur Terre vendredi après six mois passés dans l'espace. L'occasion de se souvenir d'un autre retour sur Terre, tout simplement le premier. Celui de Youri Gagarine.
Vendredi 2 juin, Thomas Pesquet revient sur Terre après six mois passés dans l'espace. L'occasion de se souvenir d'un autre retour sur Terre, tout simplement le premier. Nous sommes le 14 avril 1961 à Moscou et les Actualités Françaises commentent : "Le jour G, comme Gagarine, avait commencé pour Moscou. Une ovation ininterrompue a conduit l'homme de l'espace jusqu'à la place Rouge. Et à la tribune du mausolée de Lénine, la foule, qu'on a évalué à plus d'un million de personnes, a pu acclamer à loisir l'homme qui peut le premier se vanter d'avoir vu de ses yeux la terre ronde comme une boule et d'avoir vécu la plus extraordinaire aventure du siècle."
108 minutes, c'est le temps qu'il a fallu deux jours plus tôt à Youri Alexeïevitch Gagarine pour faire un tour complet de la Terre à 300 kilomètres d'altitude à bord de Vostok 1 et revenir. Et l'URSS n'aurait pu rêver de meilleure icône que ce petit homme d'un mètre 57 : ses yeux clairs et son grand sourire séduisent. Il a par ailleurs des origines très modestes qui ont amené les responsables du programme spatial soviétique à choisir pour effectuer ce vol : son père charpentier et sa mère laitière travaillent dans un kolkhoze. Gagarine, c'est le Soviétique idéal.
Un retour dangereux
Parlons de son retour sur Terre. 50 %, c'est le pourcentage de chances que l'on donne à Gagarine de revenir vivant de ce périlleux voyage au moment où il décolle de Baikonour et son aventure n'aura en effet pas été de tout repos. Au moment de la ré-entrée dans l'atmosphère, un dysfonctionnement empêche sa capsule de se désolidariser totalement du reste du vaisseau. La capsule se met à tournoyer dans tous les sens en se dirigeant à grande vitesse vers le sol, Gagarine lutte pour ne pas perdre connaissance. Après de longues minutes, la situation revient heureusement à la normale.
A sept kilomètres du sol, Gagarine s'extrait de sa capsule et termine sa descente en parachute. Il atterrit au beau milieu d'un champ, près de Saratov, sur les bords de la Volga à 800 km au sud-est de Moscou. A quelques mètres de là, une fermière et sa fille assistent à la scène et prennent peur : ils ont vu une boule de feu dans le ciel et maintenant voient cet homme en scaphandre atterrir. Qui est cet inconnu qui tombe soudainement du ciel ? Un ennemi ? N'oublions pas que moins d'un an plus tôt, un espion américain, Francis Gary Powers, a été abattu et capturé après avoir survolé secrètement l'URSS pour photographier des sites sensibles. Gagarine les rassure : "N'ayez pas peur. Je suis des vôtres, je suis un camarade soviétique !" Il trouve rapidement un téléphone pour informer de son succès.
Gagarine est une star nationale
Gagarine devient un héros national. Il est envoyé en tournée à travers le monde pour célébrer son succès. Des honneurs répétés qu'il va vite trouver pesants à l'image de ce que ressentira à son tour Neil Armstrong huit ans plus tard. Gagarine rêve de voler à nouveau. Il est tout d'abord affecté au programme visant à envoyer un Soviétique sur la Lune mais de nombreux incidents, dont la mort de son ami Vladimir Komarov pendant un vol spatial en 1967, mettront un terme à ce rêve. Les autorités soviétiques ne veulent prendre aucun risque avec le symbole qu'il représente. Triste ironie de l'histoire, c'est bel et bien en volant que Gagarine trouvera la mort : en mars 1968, son avion de chasse s'écrase dans des circonstances encore obscures aujourd'hui.
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