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Histoire d'info. Aux origines du testing pour lutter contre le racisme

SOS racisme vient de rendre public sa grande enquête sur les discriminations en France. En partenariat avec le CNRS, l'organisation a employé une méthode : le testing. Les origines de celle-ci sont en réalité très ancienne. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le logo de SOS racisme porté par un manifestant. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Le testing est une méthode dont les origines sont en réalité très anciennes. SOS Racisme vient de rendre public sa grande enquête sur les discriminations en France en utilisant ce procédé.

La grande loi sur la liberté de la presse de 1881 ne contenait aucune restriction pour des propos racistes. Et d’ailleurs la simple lecture de la presse d’extrême droite de la fin du XIXe siècle à la fin des années 1930 en atteste largement.

Une loi contre le racisme

Il faudra attendre le mois d’avril 1939 pour qu’un décret-loi précise les contours de la loi de 1881 et interdise les propos racistes. C’est le décret-loi Marchandeau qui trouve son origine dans les propos de président du Conseil, Edouard Daladier qui avait déclaré au Parlement : "Tout ce qui excite à la haine, tout ce qui oppose les Français à d’autres Français, ne peut plus être considéré que comme une trahison."

C’est donc le contexte de tensions internationales qui pousse le Parlement à légiférer au nom de l’unité nationale. On considérait, à l’époque, que l’antisémitisme notamment était suscité par l’Allemagne pour diviser la société française. La loi Marchandeau est très claire : "La poursuite pourra être exercée d’office par le ministère public, lorsque la diffamation ou l’injure, commise envers un groupe de personnes appartenant, par leur origine à une race ou à une religion déterminée, aura eu pour but d’exciter à la haine entre les citoyens ou les habitants."

Mais parfois, la loi ne suffit pas

Nous sommes quelques mois seulement après le vote de cette loi. Le 8 juin 1939 très précisément. Deux étudiants guadeloupéens se voient refuser l’entrée d’un dancing, le Victoria, 47 boulevard Saint-Michel à Paris. Parce que ce sont des étudiants qui ont d’importants réseaux dans la communauté antillaise, ils en appellent au député de la Guadeloupe, Satineau, et à celui de la Martinique, Lagrosillière. Et pour leur prouver la discrimination, ils vont inventer le testing. Le lendemain, trois Guadeloupéens et d’autres antillais dont des fonctionnaires et des médecins retournent au Victoria et se font, évidemment à nouveau refouler. La preuve est faite que ce n’était pas une interdiction liée aux deux étudiants, mais bien à la couleur de la peau.

Le scandale devient national, paradoxalement, pour lutter contre le racisme, on évoque l’origine italienne et donc fasciste, du propriétaire du Victoria Georges Mandel. Le ministre des Colonies demande au ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut d’intervenir. Celui-ci fait très politiquement fermé le dancing pour travaux et menace de le fermer définitivement en cas de récidive. Mais bien vite, c’est la guerre, et l’une des premières mesures de Vichy en août 1940 et d’abroger la loi Marchandeau. Quant au testing, il ne sera à nouveau utilisé qu’à partir de 1996 par SOS Racisme.

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