Histoire d'info. 1985, Mexico s'effondre
A Mexico, la mémoire du séisme de terrible 1985, encore très présente, est réactivée par ce nouveau tremblement de terre.
C’était un 19 septembre, déjà. C’était au Mexique, déjà. C’était un tremblement de terre, déjà. En 1985, vers 7h du matin, le pays est frappé par un terrible séisme de 8,2 sur l’échelle de Richter. La capitale, Mexico, n’est qu’à 350 km de la plaque de Cocos sur la côte Pacifique. Il ne reste pas de trace physique de ce tremblement de terre, 32 ans plus tard, mais pour les habitants de Mexico, la référence est permanente à ce drame qui a coûté la vie à plus de 10 000 morts, peut-être même bien plus. A l’époque, c’est le centre de la ville parce que construit sur les sédiments d’un ancien lac, donc instable, que le séisme fait le plus de dégâts. Mais ce n’est pas la seule raison.
En 1985, les bâtiments qui s’étaient effondrés étaient essentiellement les plus récents, mettant notamment en lumière le non-respect des normes de construction et la corruption endémique, mêlant le Parti révolutionnaire institutionnel au pouvoir et le secteur du bâtiment. En revanche, de vieux bâtiments, comme la Cathédrale métropolitaine de Mexico, le Palais national mais aussi le métro ou les ponts ont tenu bon. Un célèbre éditorialiste mexicain, Manuel Fuentes, écrivit à l’époque : "La majeure partie des immeubles sinistrés étaient des ministères, des bâtiments publics, des logements sociaux. Comme par hasard..."
Les conséquences humaines sont immédiatement décuplées
Toujours et encore cette distinction classique entre l’aléa, l’événement naturel, et le risque, l’événement qui frappe les hommes et la vulnérabilité qui permet de passer de l’un à l’autre. Et vulnérable, le Mexique l’est particulièrement au milieu des années 1980 et pas uniquement en raison des malfaçons. Déclaré en faillite en 1982, le pays vit alors sous perfusion des aides du Fond monétaire international.
Des aides en échange d’un traitement de cheval qui vise à assainir les comptes publics notamment en privatisant à tour de bras. Décidément, en 1985, c’est un pays bien fragile qui est frappé par ce terrible séisme. Pour certains, l’essentiel est ailleurs. Le pays doit accueillir la coupe du monde de football moins d’un an plus tard, en juin 1986. Et de crainte de voir la Fifa changer de lieu, le président du Comité organisateur du Mondial, Guillermo Cañedo ne trouvera rien de mieux à dire que : "La ville pourra s'effondrer, mais les stades du Mondial seront bien debout."
Les Mexicains s’attendaient à être frappés par le "big one"
Depuis 1985 la ville de Mexico a multiplié les efforts en ce qui concerne la prévention et l’information. A en croire les officiels : "Toutes les écoles et les hôpitaux ont été révisés, ainsi que 60 à 70 % des habitations" et surtout depuis 2011, existe un immense laboratoire au cœur de Mexico, appelé C4, qui analyse les plus de 10 000 de caméras afin de contrôler les mouvements des populations une fois que les alertes sismiques ont été transmises notamment sur les téléphones portables.
Elias Miguel Moreno, adjoint au maire chargé de la protection civile reconnaissait il y a peu de temps : "Nous ne serons jamais prêts à 100 %. Mais notre dispositif devrait nous permettre d'éviter le pire." (ce qui n’est pas faux malgré un terrible bilan) Et trois à 15 simulations de tremblement de terre sont organisées chaque année dans les bâtiments publics et privés. Triste ironie, une "méga-simulation" entraînant la participation de plusieurs millions d’habitants est organisée chaque année, le 19 septembre, date anniversaire du séisme de 1985. Celle d’hier avait eu lieu quelques heures seulement avant que la terre ne tremble vraiment.
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