Et si on lançait un "Monsieur X" pour 2017 ?
Retour ce matin le 1er février 1964. L’élection présidentielle de 1965 est encore loin, elle aura lieu en décembre. Mais déjà la SFIO se met d’accord sur le nom d’un candidat…
"Le Congrès socialiste, réuni à Clichy, se prononce sur la candidature de Gaston Defferre à la présidence de la république"
Gaston Defferre, candidat socialiste, voilà qui n’allait pas vraiment de soi. Ancien ministre, il est alors député des bouches du Rhône et président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Mais de là à être le candidat de la gauche pour affronter le général de Gaulle. C’est en fait une victoire de l’opinion et des médias sur la politique.
il faut remonter 6 mois plus tôt, en septembre 1963, l’Express de Jean-Jacques Servan Schreiber met en Une une silhouette et un nom « Monsieur X », une mystérieux candidat qui doit être celui de la gauche, celui qui doit préparer l’après –gaullisme.
L’effet est immédiat. Les spéculations vont bon train. Qui est Monsieur X ?
On pense à Mendes-France, mais c’est Le Canard Enchaîné qui trouve dans un jeu de mot le chouchou de l’Express :
« Monsieur X, c’est l’homme au masque Defferre »
Jean Ferniot qui est le chef d’orchestre de ce coup d’Etat médiatique botte en touche : tant que Defferre n’est pas candidat il ne peut être Monsieur X.
Et en décembre 1963, après quelques sondages commandités par L’Express, Gaston Defferre annonce sa candidature pour représenter les socialistes et les centristes réunis. Les socialistes sont divisés mais finalement cèdent à la pression de l'opinion. Pas les centristes. Pas question pour ces derniers que Defferre les représente; et face à des sondages dramatiques, Defferre doit se résoudre à prendre une douloureuse décision:
"L'information importante, c'est la décision de M. Defferre de ne pas se porter candidat à l'Elysée"
Il n’y aura pas d’union du centre et de la gauche non communiste. Jean Lecanuet et François Mitterrand seront respectivement candidats. Première étape de sa longue marche vers l'Elysée. Nous rappelant que le temps de la quête du pouvoir et que le temps médiatique sont parfois bien différents.
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