En politique, l'heure de vérité a souvent sonné...
Edouard Daladier en 1938. Antoine Pinay en 1952. Pierre Bérégovoy en 1992. Nicolas Sarkozy en 2012.
Ces hommes politiques ne sont certes pas du même bord idéologique, mais tous ont un point commun, celui d'avoir promis un "discours de vérité" alors que la situation du pays était dramatique, avouant de fait que ce n'était pas toujours le cas.
Il est ainsi facile de faire un parallèle avec Manuel Valls, actuel Premier ministre qui, depuis des semaines, dit vouloir tenir un langage de vérité aux Français. Mais également avec Michel Sapin qui hier a offert son "discours de vérité" sur l'état réel de l'économie française.
Dire la vérité, c'est ce que l'on est en droit d'attendre de la part de tout homme politique. Toutefois, cela peut s'avérer dangereux pour sa crédibilité si ce discours traduit non pas du courage, mais de la faiblesse.
Pour mieux s'en convaincre, il convient de traverser l'Atlantique et se pencher sur le discours connu comme le Malaise Speech du Président Carter en 1979.
Dans un contexte économique désastreux, alors que le pays manque de confiance en l'avenir, le 39e Président des Etats-Unis prononce un discours de vérité.
Le discours est une catastrophe et sa réception est mauvaise. Les Américains, croyant dur comme fer dans le rêve américain, ne veulent pas entendre cette vérité. Et nombreux sont ceux qui voient dans la défaite de Carter en 1980 face à Reagan l'une des conséquences de ce discours.
Dans ce cas au moins, comme dirait Guy Béart : "Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté"
Toute vérité n'est pas forcément bonne à dire, et c'est également ce que pensait Machiavel dans le Prince : Le Prince doit manier la ruse mais "ce qui est absolument nécessaire c'est de savoir bien déguiser cette nature de renard, et de posséder parfaitement l'art et de simuler et de dissimuler"
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