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En Algérie, la crainte d'un nouveau tour de passe-passe du FLN

La rue a-t-elle gagné ? D’un côté, Abdelaziz Bouteflika ne se représentera pas pour un 5ème mandat, mais, d’un autre côté, l’élection présidentielle prévue en avril prochain est repoussée à l’an prochain, et entre temps Bouteflika reste au pouvoir… Pour beaucoup, le FLN et l’armée ont trouvé une fois encore un moyen de se maintenir au pouvoir. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des Algériens manifestent dans les rues d'Alger contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, le 24 février 2019. (FAROUK BATICHE / ZUMA PRESS / REA / DPA)

Ce n’est pas la première fois qu’acculés, le Front de Libération Nationale et son armée s’accrochent au pouvoir. L’Histoire semble un peu bégayer, répéter ce qui s’est passé il y a 20 ans.

Les émeutes de 1988 et la démocratisation

Tout commence, hier comme aujourd’hui, par des émeutes de la jeunesse, dans un contexte économique difficile lié à la baisse des cours du pétrole, mais aussi comme aujourd’hui, avec une demande de démocratisation à une époque où le FLN est le seul parti politique autorisé.

Des émeutes durement réprimées par le pouvoir, mais qui vont tout de même profondément bouleverser les institutions du pays. Le président Chadli organise un référendum le 3 novembre 1988. Résultat : "92,27% de oui au référendum algérien. Un premier pas vers des réformes qui pourraient permettre à des candidats indépendants de se présenter. Et le gouvernement devient responsable devant l'Assemblée nationale."

Le multipartisme, condition de la démocratie, s’installe dans le pays. Le calme revient et au passage, Chaldi en profite, malgré les émeutes d’octobre, pour être réélu confortablement pour un troisième mandat en décembre.

Le FLN en danger

Mais le multipartisme met le FLN en danger. Aux municipales de 1990, la percée des islamistes est véritablement impressionnante. Le Front Islamique du Salut, autorisé depuis mars 1989, remporte 57% des voix. Et les législatives se profilent.  Elles sont d’autant plus dangereuses pour le pouvoir FLN que le nouveau parlement élu aura bien plus de pouvoir, conformément au référendum de novembre 1988.

Le 26 décembre 1991, le FIS obtient 48% des voix au premier tour. Il se prépare à gouverner le pays. Un pays qui entre alors dans une grave zone de turbulences.

La fin de l'expérience démocratique

Si des modérés du FLN veulent un second tour au nom de la démocratie, pour l’armée, l’arrivée au pouvoir du FIS est inenvisageable. Les regards se tournent vers le président Chadli, qui dissout l’Assemblée nationale avant de démissionner le 11 janvier, créant un vide, rapidement rempli… 

"Les événements se précipitent en Algérie. Après la démission du président, tout le processus démocratique est suspendu. Il n'y aura pas de 2ème tour. Au nom du vide actuel, démission du président + dissolution de l'Assemblée, le haut conseil de sécurité prend en fait le pouvoir." (France Inter, le 12 janvier 1992)

Pour certains, c’est un coup d’Etat militaire, pour d’autres, le moyen trouvé par le FLN pour conserver le pouvoir.

20 ans plus tard, avec ce vrai-faux départ de Bouteflika, la rue s’inquiète d’un nouveau tour de passe-passe qui viserait là encore à garantir la mainmise de l’armée et du FLN sur le pays.  

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