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Du Vel D'Hiv (1948) aux pavés parisiens (2014), les petits patrons manifestent

Des gradins du Vel D'Hiv (1948) aux pavés parisiens (2014), lorsqu'à l'appel de la CGPME les petits patrons manifestent, les revendications restent sensiblement les mêmes. Et hier comme aujourd'hui, il s'agit aussi de stigmatiser la mollesse voire la compromission des grands patrons...
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Les petits patrons manifestant à Toulouse le 1er décembre 2014 © Maxppp)

1974 à la Villette

Le 18 octobre 1974, des milliers de patrons et d'industriels venus de toute la France se retrouvent au Pavillon Baltard, dans les anciens abattoirs de La Villette. Répondant à l'appel de leur syndicat, ils viennent crier leur mécontentement.

L'organisateur de ce rassemblement, c'est Léon Gingembre, qui est à l'époque une des grandes voix de la vie syndicale française. C'est lui qui en 1944 fonde la CGPME, la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises à l'origine du rassemblement d'octobre 1974.

A l'époque, c'est contre le plan dit de refroidissement ou Plan Fourcade du nom du Ministre de l'économie, des finances et de l'Industrie de Jacques Chirac que les patrons de PME se mobilisent. Ce plan visait à limiter l'accès au crédit pour lutter contre l'inflation. Mais plus structurellement, ce que Gingembre et les petits patrons rejettent, c'est le dirigisme étatique qui entraverait leur liberté d'entreprendre.

Pour Gingembre, le nombre important de manifestants, patrons de PME et industriels montre que ces derniers, habituellement "calmes et raisonnables" ont conscience que la contestation est l'unique moyen de se faire entendre.

Calmes et raisonnables... Il a raison, les petits patrons ne se mobilisent que très rarement.

1948 au  Vel d'Hiv

Mais quand il le font, ils le font en masse. En mars 1947, 25.000 patrons sont réunis à Wagram. Deux mois plus tard, ils sont 60.000 au Vel d'Hiv et un an plus tard, c'est 70.000 qui reprennent place dans les gradins pour écouter Léon Gingembre.

Et si la jeune CGPME n'hésite pas à montrer qu'elle a des muscles, c'est aussi pour se démarquer du CNPF, aujourd'hui Medef, trop conciliante selon Gingembre. En 1948, la mobilisation se fait contre une taxe spéciale, mais plus largement encore contre l'intervention trop importante de l'État qui briderait la liberté d'entreprendre.

2014 à Paris et Toulouse

En somme, il s'agit de libérer l'entreprise, ce qui se trouve être le slogan de la CGPME qui fait descendre dans la rue 10.000 patrons entre Paris et Toulouse lundi dernier. Et là encore, la rivalité avec le MEDEF n'est pas loin.

Lundi soir sur France Info, le Président de la CGPME Jean-François Roubaud était l'invité de Jean Leymarie, et le MEDEF n'est jamais bien loin

"Nous n'avons pas la même manière de voir les choses [avec le MEDEF] vu que j'étais le seul à appeler à manifester ce matin. Mais j'ai quand même mis 10.000 chefs d'entreprise dans la rue entre Paris et Toulouse; on n'a jamais vu ça "

Alors tout à sa joie devant la réussite de sa journée de mobilisation, Jean-François Roubaud s'emballe un peu. Il minore notamment les manifestations contre les 35 heures d'octobre 1999 et ses 25 000 patrons dans la rue et ignore manifestement les mouvements de la fin des années 1940.

Bien que celles-ci soient rares, la manifestation de lundi n'est pas la première du genre et avoir fait se mobiliser des patrons de PME, c'est l'une des forces de la CGPME.

Mobilisations qui n'arrivent que lors de périodes économiques dures, et dont les revendications n'ont pas vraiment changé en soixante-six ans.

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