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Déficit public : pourquoi la règle des 3% ?

On parle à nouveau de la fameuse règle des 3% de déficit public. Une règle qui trouve ses origines en France, et bien avant la naissance de l’euro.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron à Strasbourg le 17 avril 2018. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Emmanuel Macron est à Bruxelles pour calmer les inquiétudes de ses partenaires européens après ses annonces très coûteuses de la semaine. Et une nouvelle fois, on parle de la fameuse règle des 3% de déficit public. Cette règle trouve ses origines en France, et bien avant la naissance de l’euro. Tout commence lors de la campagne présidentielle de 1981. Valéry Giscard d’Estaing affronte François Mitterrand lors du second tour et le premier s’échine à démontrer que le programme de relance du candidat socialiste est une catastrophe annoncée pour l’économie française, et plus particulièrement ses déficits.

Des milliards aux pourcentages

Dans l’entre-deux-tours, le président français, encore pour quelques jours, martèle son argument et en particulier un chiffre qui doit choquer l’opinion publique. Et ce chiffre qui fait peur, 100 milliards de francs de déficit public, il ne va pas tarder à être effectivement atteint, et ce dès le mois de juin 1981, le ministre du budget, Laurent Fabius trouve une parade, qu’on lui a peut-être soufflée : ne plus parler de milliards, trop impressionnants, mais parler en pourcentage. On s’approche des 3% qui deviennent assez rapidement un dogme. Incompétente, la gauche, dès qu’il s’agit d’économie, de laisser filer les déficits ? Voilà une idée reçue contre laquelle le gouvernement et le président de la République veulent s’attaquer.

Poursuivre l'intégration européenne

D’autant plus que le risque de laisser filer le franc est réel, le risque à terme serait la sortie du système monétaire européen, et finalement la fin du projet européen dans son ensemble. Alors 3% devient un mot d’ordre, qui a sa justification interne, montrer qu’on maîtrise les choses, et sa justification externe, poursuivre l’intégration européenne, c'est ce qu'explique le ministre de l’économie et futur homme fort de l’Europe, Jacques Delors, en mars 1982. Des propos confirmés avec fermeté par le président François Mitterrand lors d’une conférence de presse depuis l’Elysée, on est en juin 1982. Mais comment ce chiffre français va-t-il s’imposer comme une règle dans le traité de Maastricht dix ans plus tard ?

Garantir une monnaie unique forte

Maastricht, rappelons-le, définit des règles communes pour doter l’Union Européenne d’une monnaie unique, ceci passe par le respect de ce qu’on a appelé des critères de convergence, dont en effet les 3% de déficit public. C’est Jean-Claude Trichet, alors directeur du Trésor français qui en souffle l’idée, fort de l’expérience française, sans véritables arguments politiques pour l’Europe, mais davantage parce que c’est un chiffre plus facile à vendre aux opinions publiques. Un chiffre proposé par la France mais qui va faire le bonheur de l’Allemagne, qui y voyait un moyen de garantir une future monnaie unique forte, "aussi forte que le mark", dit-on alors à Berlin. Un chiffre aujourd’hui au cœur des critiques adressées à l’Europe, accusée d’être inconciliable avec la demande de réduction des inégalités qui pousse un peu partout en Europe.

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