De la carotte au bâton: comment lutter contre l'abstention?
Retour en septembre 1958. Les Français sont appelés aux urnes pour le référendum instituant la Vème république. Le général de Gaulle n’a aucun doute sur l’issue du vote mais il craint l’abstention qui affaiblirait le résultat.
Alors, on s’active beaucoup pour pousser les Français à aller voter le 21 septembre 1958.
"Nous avons crée un livre d'or du civisme ainsi qu'un fanion du civisme...Notre intention est de crée une sorte de coupe de France du civisme "
Raymond Offroy, à la tête du FRACCA -Front républicain d’action civique contre l’abstention-, ambassadeur et fidèle gaulliste a dû être satisfait de constater que l’abstention a finalement été très faible, seulement 15%, offrant à la nouvelle république une exceptionnelle légitimité.
Le FRACCA continuera un temps son œuvre, avec moins de succès, l’abstention aux législatives atteignant 25% en novembre 1958 et même 30% en 1962.
C’est la raison pour laquelle, à la fin de l’année 1968, la lutte contre l’abstention reprend de plus belle, mais là encore, les moyens utilisés sont légèrement infantilisants.
"Monsieur Raymond Marcellin, ministre de l'Intérieur, a remis aujourd'hui la croix de la légion d'honneur au maire de la bourgade Saint Laurent sur Oust. Ce maire a obtenu a deux reprises le diplôme d'honneur du civisme. A toutes les grandes consultations électorales, la population de Saint-Laurent-sur-Oust a voté à 100% sans aucune abstention "
Après le fanion, voici le diplôme d’honneur du civisme pour une commune et la Légion d’honneur pour son maire.
Difficile de mesurer l’impact de ces bons-points sur la participation électorale ! Facile en revanche de remarquer que la proposition actuelle de rendre le vote obligatoire propose la méthode exactement opposée.
Et cela vous étonnera peut-être mais une enquête lancée par la Fondation Jean Jaurès et réalisée par l’institut Harris montre que deux Français sur 3 sont favorables au vote obligatoire à condition que le vote blanc soit totalement pris en compte.
Ce qui nous dit que contrairement à l’explication traditionnelle de l’abstention qui en faisait un acte de non civisme et qui expliquait les fanions ou autres diplômes des années 1950 et 1960, l’abstention peut-être aussi un geste civique.
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