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Critiquer son patrimoine, une passion française

Les Journées du patrimoine, instituées par Jack Lang, fêtent leur trente ans ce week-end. De Malraux à Buren, de la Tour Montparnasse à la pyramide du Louvre, le patrimoine fait partie intégrante de notre identité nationale, et c'est sûrement pour cela qu'il suscite tant de débats.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Les Colonnes de Daniel Buren construites dans la cour du Palais-Royal en 1986 © Reuters/Eric Gaillard)

Au printemps 1986, alors qu'il ne reste qu'une dizaine de jours avant que le chantier ne soit achevé, l'installation des Colonnes de Buren dans la cour du Palais Royal à Paris est brusquement interrompu.

"Déplacez les colonnes Buren en banlieue !"

Le moins que l'on puisse dire est que cette oeuvre d'art ne fait pas l'unanimité et les défenseurs du patrimoine "classique" sont en colère. On pourrait retenir l'exemple de cette dame qui s'interroge à haute voix sur la présence de l'oeuvre à Paris, proposant qu'elle soit déplacée en banlieue. Sous entendu : dans un lieu où elle ne dégradera pas le patrimoine plusieurs fois centenaire.

Ce débat n'a rien d'unique dans l'histoire récente. La Tour Montparnasse, la Pyramide du Louvre... Même la Tour Eiffel en son temps... Tous avaient déchaîné les passions, ce qui en dit long sur la fascination française pour le patrimoine.

Une fascination dont témoigne l'énorme succès jamais démenti des Journées du patrimoine instaurées par Jack Lang ministre de la culture de François Mitterrand en 1984. Ces journées avaient pour but d'ouvrir au grand public des lieux jusqu'alors payants voire interdits d'accès.

De Malraux à Lang

Ces Journées du patrimoine sont un tel succès qu'elles s'exportent désormais par-delà les frontières. En effet, depuis 1991 on parle des Journées Européennes du Patrimoine. 

La protection du patrimoine doit beaucoup à André Malraux, ministre des affaires culturelles de Charles de Gaulle. Il a en effet fait de la "transformation complète de l'état d'esprit national" son cheval de bataille. Et en 1964 il s'exprime à ce sujet.

Toutefois, il est faux de dire que Malraux s'est contenté d'oeuvrer pour la protection du patrimoine. Il l'a également ouvert à la création et ainsi, nous fêtons cette année les cinquante ans de la sublime fresque de Chagall sur le plafond de l'Opéra Garnier hier décrié, aujourd'hui haut lieu du patrimoine national.

Cela nous pousse à réfléchir et à ne pas perdre de vue que les créations d'aujourd'hui enrichissent le présent. Et constituent, finalement, le patrimoine de demain.

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