Cameron et le budget européen, l'ombre de Thatcher
Quand la Dame de Fer montre les crocs...
Le 30 novembre 1979, cela fait sept mois que Margaret Thatcher est à la tête du Royaume-Uni. Le sommet européen de Dublin vient de s'achever, c'est le premier de la "Dame de fer" et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne semble pas ravie de ce qui vient de se dérouler.
"Nous ne demandons pas un seul centime de la communauté européenne pour la Grande Bretagne. Ce que nous demandons, c'est de récupérer une très grande partie de notre propre argent"
Sa demande fait le tour du monde. Et pour bien la comprendre, il faut savoir que le Royaume Uni, qui n'est dans la CEE que depuis 1973, contribue bien plus au budget européen qu'il n'en profite. C'est ce qu'on appelle la contribution nette.
Ayant une très faible surface agricole comparée aux autres États membres, le Royaume Uni ne profite que très peu de la PAC, la politique agricole commune, qui représente à l'époque 70% du budget communautaire.
D'où la colère de Thatcher qui souhaite un système qui rembourserait une grande partie de cette contribution nette. A Dublin, elle obtient un petit chèque, mais manifestement, ce n'est pas suffisant.
Un accord est trouvé à Fontainebleau...en attendant d'autres "contentieux"
Le temps passe. En 1984, l'heure est grave puisque le blocage est tel que la CEE est sur le point de ne plus pouvoir fonctionner. Le Sommet de Fontainebleau est celui de la dernière chance. Et comme souvent avec la construction européenne, c'est face au précipice que les solutions sont trouvées. Jean Monnet n'écrivait-il pas dans ses Mémoires: "L'Europe, née des crises et somme des réponses apportées à ces crises..."?
Lors de la conférence de clotûre, Mitterrand s'en félicite.
"Il n'y a plus de désaccords ! "
Ainsi, ce sont donc les 2/3 de la contribution nette que Thatcher obtient, un remboursement assumé essentiellement par la France qui verse actuellement 1.5 milliards d'euros par an.
Mais s'il est satisfait, Mitterrand n'est pas dupe.
"D'autres viendront, admet-il"
Et il avait raison en présumant qu'avec les Anglais, rien ne serait jamais simple. Trente ans plus tard, la participation britannique au budget européen fait à nouveau débat.
Un pied dedans, un pied dehors (songeons à l'euro ou à Schengen), toujours soucieux de leur souveraineté, dans trois ans, les Anglais voteront peut-être leur sortie de l'union.
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