Aux Etats-Unis, 32 homosexuels meurent dans l'incendie d'un bar, dans le silence des médias (1973)
Retour le 25 juin 1973. La veille, un drame a frappé La Nouvelle-Orléans. France Inter s’en fait l’écho dans son journal de 13 heures.
Dramatique incendie à La Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis hier soir. Il y aurait une trentaine de morts. Le feu a détruit un immeuble du quartier français de la vieille ville et il semble avoir pris au rez-de-chaussée dans un bar où se trouvaient de nombreux clients. C'est le plus grave incendie que La Nouvelle-Orléans ait connu depuis 31 ans.
A entendre ces mots, on ignore que le bar, l’Upstairs Lounge, est un bar homosexue, comme si donner cette information, importante, n’était pas acceptable pour les auditeurs français de l’époque.
Et aux Etats-Unis ? C’est encore plus impressionnant. Ecoutez ce qu’en dit à l’époque NBC, l’une des rares chaînes nationales à évoquer le drame :
Les pompiers sont à la recherche des preuves d'un incendie criminel dans l'immeuble détruit du quartier français de La Nouvelle-Orléans. Le feu s'est déclenché dans un bar. La bourse commence mal la semaine.
Le drame reste mystérieux 40 ans plus tard, mais la piste la plus crédible selon la police conduit à un homosexuel refoulé du bar ce soir-là. Reléguée en toute fin de journal, juste avant la Bourse, l’information est à nouveau tronquée. On ne parle pas d’homosexualité dans les grands médias américains. Il faut dire que ce n’est que cette année-là, 1973, et quelques mois après ce drame, en décembre, que l'American Psychiatric Association (APA) décide de rayer l'homosexualité de sa liste des maladies mentales. Dans le Vieux Sud américain, l’homosexualité est une chose honteuse, au point que non seulement on n'ose évoquer la spécificité du bar mais qu’on préfère même largement passer sous silence l’incendie criminel. Plus frappant et révélateur, aucun officiel ne fera de déclaration publique. Il n’y aura que 80 personnes à assister à la cérémonie religieuse présidée par Révérend Richardson. Il sera désavoué par son évêque et recevra des centaines de lettres haineuses. Certaines familles ne viendront pas reconnaître les corps des victimes et 3 victimes demeureront non identifiées, leur enterrement financé par des inconnus.
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